S’il témoigne d’une maîtrise technique irréprochable, le film Les Incognitos souffre néanmoins d’une absence de point de vue sur le milieu qu’il investit, en l’occurrence l’espionnage et les productions à la James Bond. Car ce n’est pas troquer les armes à feu contre des jouets et des canons à bulles qui dira quoi que ce soit de la représentation de l’espion-séducteur, qui proposera une éventuelle alternative militaire – des chats mignons contre des grenades, soit le passage de l’aveuglement physique à l’aveuglement critique – ou qui participera à une réflexion en profondeur sur l’extermination d’un peuple, propos aussitôt esquissé aussitôt balayé. Il faut de l’action, de l’action non-stop pour captiver le jeune public et le bourrer de pop-corn : ralentis à outrance, accélérations brutales, musiques décalées, cris et explosions…la recette est bien connue, elle fonctionne ici mais laisse en bouche un goût d’inachevé. Nous ne nous prenons jamais d’affection pour le duo de tête, la faute à ce rythme effréné qui expédie au lieu de poser. L’humour est un peu lourd et surtout trop présent : un sumo malléable amuse, les pigeons sont sympathiques, les gaffes de Walter divertissent mais, parce que répétitives, finissent par agacer. Nous suivons donc Les Incognitos sans déplaisir, ce qui ne compense toutefois pas les carences en charme, l’absence de vision artistique et de construction d’une dynamique qui seules auraient permis de tirer ce film de l’oubli dans lequel il risque de tomber.