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Gérard Delteil
208 abonnés
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4,0
Publiée le 27 mars 2017
Superbement filmé et impeccablement interprété, Propriété privée surprend par son audace et sa modernité. Bien qu'il puisse être classé dans la catégorie des "films sécuritaires", très en vogue dans les années cinquante, qui montrent des familles des classes moyennes américaines menacées par des éléments des classes dangereuses, il s'en distingue par une vision sociale assez corrosive. Le jeune voyou séduit la belle bourgeoise esseulée, ce qui est assez rare dans ce contexte. Seule la chute retombe dans les conventions du genre : l'ordre social est rétabli. Il est permis d'ailleurs de se demander si cette fin moraliste n'aurait pas été imposée au réalisateur. Le film aurait évidemment beaucoup plus de force s'il se terminait de façon plus surprenante. Par sa liberté de ton, Propriété privée n'en est pas moins un véritable OVNI dans le climat de l'époque. Il évoque à la fois l'univers de Hitchcock à qui il rend hommage et celui de Polanski. On ne peut que regretter que Leslie Steven ait abandonné la mise en scène pour la production. A ne pas manquer !
Sortie à l’orée des années 60, cette œuvre fascinante et complexe est signée Leslie Stevens. Protégé d’Orson Welles, il imagine une mise en scène aux cadres puissamment évocateurs. Le degré de perversité de l’intrigue prend son envol au travers de ce parti-pris filmique tranché, au noir et blanc somptueux et à la métaphore subtilement filée.
« Propriété privée » de Leslie Stevens considéré comme perdu pendant trente ans est réapparu en 2016 quand une copie 35 mm a été découverte par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Après restauration, celle-ci a été exploitée en salle. Le film est un précieux témoignage concernant l’évolution d’Hollywood depuis le milieu des années 1950 alors que le système des studios dangereusement concurrencé par la télévision s’était lancé dans des innovations technologiques censées lui redonner un avantage à travers des productions prestigieuses tel « Ben-Hur », « Le Cid », « Le pont de la rivière Kwaï », « La grande évasion » ou encore « Cléopâtre ». Leslie Stevens qui est aussi scénariste et producteur s’était fait remarquer deux ans plus tôt avec « Le Gaucher » d’Arthur Penn, lui aussi artiste accompli et réalisateur très influencé par la Nouvelle Vague française. Deux vagabonds (Corey Allen et Warren Oates) sortis de nulle part débarquent sur le bord d’une autoroute. Dans une station-service, se faisant prendre en stop par un automobiliste, ils l’obligent ensuite à suivre une jeune femme (Kate Manx) se rendant sur les hauteurs de Los Angeles. Dans cette banlieue bourgeoise à partir d’une villa voisine abandonnée permettant aux deux vagabonds dont on ne saura rien d’observer les allées et venues de la jeune femme entre sa piscine et son intérieur, se met en place un jeu de séduction tout à la fois candide, coupable et malsain. Candide par certains comportements d’Ann (Kate Manx) qui semble curieusement aborder sa rencontre avec Duke (Allen Corey) sur le mode encore innocent de l’adolescence. Coupable par la relation avec son mari exposant crûment une frustration sexuelle qui exsude par tous les pores de la peau d’Ann comme l’a presque immédiatement ressenti Duke. Malsain par les non-dits entre les trois personnages faisant comprendre que chacun d’eux est mû par des intentions différentes. spoiler: Ce climat étouffant renforcé par un noir et blanc surexposé à travers lequel s’infiltre la lourde chaleur californienne fait de « Propriété privée » une expérience aussi fascinante que dérangeante dont le spectateur assez vite pressent que l’issue sera tragique . Au passage, Leslie Stevens qui filme Corey Allen en s’inspirant d’Elia Kazan filmant Marlon Brando, brosse un portrait peu flatteur du dogme de « l’American Way of Life » bâti autour de la propriété privée et de la famille WASP. Cette dernière s’avère pour le coup, complétement dénuée de son sens au cœur même des quartiers chics de LA. Quant à la femme au foyer attendant avec amour et dévotion le retour de son époux, le mythe est ici sérieusement écorné. Sur ce aspect, « Propriété privée » préfigure sans doute « Les femmes de Stepford », thriller d’anticipation réalisé par Bryan Forbes en 1975 où en prévention de toute forme d’émancipation de leurs épouses, les hommes leur font subir un conditionnement chèrement tarifé destiné à tuer dans l’œuf récriminations ou rébellions. On notera enfin la prestation particulièrement convaincante et émouvante de Kate Manx alors épouse de Leslie Stevens qui se suicidera quatre ans plus tard à seulement 34 ans.
Un OVNI ou comment faire un film d'un érotisme torride sans déshabiller personne, en revanche du côté des symboles ça y va comme dans la scène assez gonflée où Kate Manx masturbe du bout des doigts une bougie qui n'a rien à faire là ! L'histoire assez simple est bien menée, angoissante à souhait et ingénieusement photographiée, la direction d'acteur est correcte même si Corey Allen est parfois un peu limite, en revanche Kate Manx crève l'écran de sa beauté, de son talent et de son incroyable sensualité. Film fauché mais très belle grosse surprise
Duke et Boots, deux voyous décident de suivre Ann, une jolie femme jusque chez elle. Là-bas, ils découvrent qu'elle et son mari quasiment absent vivent à côté d'une villa abandonnée. Duke et Boots décident alors de s'y installer pour épier la femme au bord de sa piscine et la convoitant, mettent au point un plan pour l'approcher...Tourné en dix jours dans la villa de Leslie Stevens, réalisateur du film, "Propriété privée" est un petit film qui ne paye pas de mine mais qui foisonne d'idées intéressantes.
C'est très court (1h16) et pourtant ça manque de rythme et par moments on s'ennui. L'histoire sur sa forme est intéressante, sur le fond également avec une parabole de la lutte de classe, mais l'ensemble peine à prendre forme. Une curiosité à voir tout de même.
Un film noir troublant, à l’ambiance inquiétante, sur le voyeurisme et les frustrations sexuelles, servi par une mise en scène très stylée, en dépit d’un récit pas super palpitant, hormis 10 dernières minutes intenses.
Ce premier film de Leslie Stevens est d’une extrême rareté. Retrouvé dans les archives de UCLA et restaurée en version 4K, tout le monde pensait ce film perdu à jamais. C’est donc un événement que cette sortie en 2016, plus de cinquante ans après avoir fait scandale dans les salles obscures du fait de ses références sexuelles explicites et son incitation au voyeurisme. Sortie la même année que Psychose, Propriété Privée est un thriller hitchcockien, qui d’ailleurs s’amusera à citer le maître de façon ironique. C’est l’histoire de deux voyous qui vont squatter dans un quartier riche dans une maison vide à proximité de celle d’une belle bourgeoise esseulée. Très envieux de cette brebis, ils n’ont qu’une hâte, l’espionner, la déshabiller et la pénétrer. Oui, c’est un film de tension sexuelle permanente. Tourné en seulement dix jours, nous pourrions reprocher à l’intrigue de perdre en crédibilité à cause d’un jeu presque amateur des protagonistes. Mais d’un autre côté, ces jeux caricaturaux apportent un ton humoristique assez paradoxal face à cette histoire qui transpire l’érotisme. Si vous aimez les films à suspense des années soixante, ne manquez pas huis clos de fantasme fétichiste. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Redécouverte de ce thriller américain (1960) réalisé par Leslie Stevens et qu'on croyait perdu. Le film ne doit pas être confondu avec " propriété interdite" de Sidney Pollack (1966) dont le titre sonne à l'oreille de façon voisine.
Le scénario repose sur un procédé qui sera utilisé plus tard par Michael Haneke notamment : au sein d'un lieu clos, une future victime est à la merci d'un psychopathe qui la manipule avant de l'agresser violemment.
Portrait d'une femme mariée qui s'ennuie, bien qu'elle vive dans un cadre enchanteur et confortable, elle se trouve confrontée chez elle à deux dangereux marginaux qui se présentent sous un abord sympathique.
On peut voir ici un simple polar, mais aussi ( c'est mon hypothèse) une métaphore des antagonismes sociaux qui se perpétuent au sein de la société américaine.
La mise en tension trouve son point d'orgue pendant les dix dernières minutes après plusieurs scènes où la tension monte de façon graduelle.
La petite faiblesse du titre vient de son scénario qui commence pourtant de façon adroite. Il y a quelques incohérences dans le comportement de la future victime que le scénario ne résout pas tout à fait et qui en amoindrissent l'impact sur le spectateur.
Ceci dit la mise en scène et l'interprétation sont de haute tenue et le titre mérite le coup d'oeil.
L’ennui et l’inassouvi Deux voyous, Duke et Boots, traînent leurs guêtres du côté d’une station service, font du Stop de force avec un vieux commercial, et suivent une belle jeune femme…
Voici un film inquiétant.
Par son ambiance, par son image Noir et Blanc un peu diaphane qui confère au film une tension pénétrante, sans que ce soit de la peur ! Ce film ne fait pas peur, c’est mieux; il inquiète !
Les deux protagonistes sont interprétés par deux acteurs méconnus ou presque : Corey Allen (Duke) le meneur, avait tout de même un troisième rôle dans « La nuit du chasseur » et un second dans « La fureur de vivre » de Nicholas Ray, où il s’affronte à James Dean dans la fameuse course de voiture à la falaise… Puis dans « Traquenard » du même N.Ray.
Pour ce qui est de Warren Oates, rien ! Avant de devenir après un acteur fétiche (et ami) de Sam Peckinpah (Coups de feu dans la sierra/Major Dunde/la horde sauvage/Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia)… Il est une vraie gueule de cinéma, et un très bon comédien, glissant derrière sa gueule des finesses d’interprétations, variétés subtiles, notamment ici dans son personnage, Corey Allen apportant, lui le côté inquiétant à la manière d’un reptile.
Cette paire de comédiens forment ici un duo convaincant qui permet de nous laisser prendre dans les rets de cette histoire.
De magnifiques idées de mise en scène : une entrée sur le sable d'une plage ouverte comme un sexe féminin,une danse lascive vue à travers un verre d'alcool ,une fin d'une violence et d'une beauté à couper au couteau(joke). Un film rempli de frustration,de névrose,de sexisme ordinaire,de dénonciation sous- jacente du "merveilleux"way of life" américain.Une superbe série B avec un noir et blanc somptueux et un Warren Oates terrifiant de rouerie.Un film peu connu qui mérite d'être vu ou redécouvert.