Le "body swap" est un genre cinématographique, souvent comique, où on se réveille dans un autre corps que le notre. Fantasme ou cauchemar, le principe se révèle être une bonne source de fou rire mais aussi souvent servi par une morale afin de mieux comprendre et de respecter l'autre qui semble être notre opposé. Tout de suite, on repense à "Freaky Friday" sur la relation mère-fille, "Echange standard" entre deux meilleurs amis d'enfance au rythme de vie contraire, "Big" où un enfant se réveille dans la peau d'un adulte ou bien encore, loin du genre comique, "Renaissances" où des personnes en fin de vie peuvent revivre leur jeunesse en investissant le corps d'un jeune décédé accidentellement... "L'un dans l'autre" se sert également du procédé comique pour pimenter une relation infidèle entre deux couples d'amis et plonger le corps de la femme dans l'homme et vice-versa. Stéphane de Groodt et Louise Bourgoin sont parfait pour assumer de tels rôles et le thème de l'infidélité ne peut que rendre la situation encore plus cocasse, notamment avec les partenaires joués par Aura Atika et Pierre-François Martin-Laval ! Moi, je dis pourquoi pas, j'ai même beaucoup ri mais il y a un point crucial à ne pas louper et malheureusement, "L'un dans l'autre" le banalise et efface toute l'efficacité du concept. Il s'agit du moment où les corps s'échangent. Ici, ils ont choisi l'acte sexuel sans antécédents paranormal ou autre et c'est très décevant car on y croit pas et on se dit qu'il y a comme eu une panne d'inspiration de la part des scénaristes. Et cet effet de poudre de perlimpinpin est tout simplement ringard. Rappelez vous, par exemple, dans "Freaky Friday", la mère et fille s'inter-changent à cause d'une formule dite à voix haute dans des biscuits chinois. Ici, c'est abrupt et même si les acteurs assurent, c'est peu convaincant. D'autant plus qu'on s'emmêle un peu les pinceaux car on oublie que Bourgoin est un homme et de Groodt est une femme par moment donc quand ils jouent l'ambiguïté ou le malaise, notamment avec leurs partenaires, on s'y perd un peu. La difficulté des body swap, c'est de suivre avec fluidité un personnage dans un autre corps. Or, là, le début où on découvre la situation de l'infidélité est trop court et donc on a plus l'impression de découvrir la réelle personnalité des personnages via l'interprétation de leur partenaire et l'interprétation de Louise Bourgoin est plus franche tandis que de Groodt semble éviter la caricature du mec efféminé. Néanmoins, j'ai beaucoup rigolé lors de certaines scènes, notamment celle avec Aure Atika qui se confie à Louise Bourgoin sans savoir qu'elle parle à son propre mari lors d'une opération dentaire ou encore les interventions ponctuelles de Anne Benoit en secrétaire fan de musique. L'histoire est sans surprises et suit le schéma classique du refus et des nombreuses gaffes faites dans le quotidien de l'autre puis de l'acceptation, la compréhension et de l'exaltation corporelle... La fin, qui finit les pieds dans le plat, coupe net une histoire qu'on aimerait plus développée et moins facile et on a aucune raison ni morale apportées à ce changement soudain de corps... Le divertissement est léger mais on déjà vu mieux, bien mieux...