Très bien jouée et joliment photographiée, Numéro une est une œuvre ambitieuse, rythmée et toujours accessible. Ce dixième film de Tonie Marschall, qui a également co-écrit le scénario, nous permet de retrouver la réalisatrice à son meilleur niveau, après quelques énormes catastrophes, comme ‘tu veux ou tu veux pas’. Contrairement à ce qui nous est vendu par les médias, je pense que le film traite moins du féminisme que des jeux de pouvoirs et d’un certain monde de l’entreprise, celui des ancien-n-e-s de Polytechnique et de Centrale, du microcosme des hauts cadres dirigeants. Et le réalisme avec lequel la metteuse en scène les décrit est indiscutablement captivant, grâce aussi à l’ensemble des actrices et des acteurs. Il manque simplement à Numéro Une once de fantaisie, un brin de décalage ou mieux : un peu d’audace.
Clair, net, bref, précis, simple et démonstratif. Même si ça manque parfois de force dans les émotions (manière de filmer? Acteurs?) c'est un film intéressant dans le style "c'est dur d'être une femme dans le monde des affaires", voire dans le monde en général.
Brillante polytechnicienne du corps des Mines, Emmanuelle Blachey (Emmanuelle Devos) siège au comité exécutif de Théores, un géant de l'énergie. Un réseau de femmes aussi influent que discret la contacte en marge du Women's Forum de Deauville pour prendre la tête d'Anthéa, une entreprise du CAC 40. Peu sûre d'elle, mais flattée de la proposition qui lui est faite, Emmanuelle hésite à s'engager. D'autant que face à elle, l'influent Jean Beaumel (Richard Berry) est prêt à tout pour pousser la candidature de son poulain. Un homme évidemment.
"Numéro Une" est un film à thèses. Depuis son titre avec ce E majuscule en rouge mat. Depuis son affiche où l'on voit Emmanuelle Devos, impeccable en tailleur pantalon, entourée d'hommes, sur les portraits qui ornent les murs et en face d'elle, anonymes et menaçants. Tonie Marshall - la seule femme à ce jour à avoir obtenu le César du meilleur réalisateur - ne s'en cache pas : elle a voulu faire un film sur "la difficulté des femmes à accéder à des postes importants".
Tonie Marshall avait le projet d'en faire une série. "Numéro Une" en porte les traces, qui compte trop de rebondissements, d'intrigues secondaires que ses deux heures ne suffisent pas à développer. On aurait aimé avoir plus de respiration pour partager la vie d'Emmanuelle Blachey, ses espoirs et ses déceptions. "Borgen", "Baron Noir" et même "L’État de Grace" (mini-série française injustement oubliée pour avoir eu le tort en 2006 de prédire l'élection d'une femme à la présidence de la République) ont démontré qu'on pouvait efficacement décrire les arcanes du pouvoir à condition de s'en laisser le temps.
Comprimé dans un corset trop étroit, "Numéro Une" a les défauts qu'on reproche aux premiers épisodes de ces séries, avant que, le temps passant, on se familiarise avec leurs personnages et leurs situations. Tout y sonne faux. Ce cénacle de femmes complotistes dévoué corps et âme à leur candidate. Ces hommes veules. Ces cocktails de l'Arop où se décide la liste des PDG du CAC 40. Ces palais élyséens au protocole empesé. Tout sonne faux sauf Emmanuelle Devos parfaite de bout en bout.
Il y a bien longtemps que Tonie Marshall ne nous avait pas offert un bon film. On peut même dire que Vénus Beauté (Institut) est son seul (très) bon film (elle est l’unique femme, pour l’instant, à avoir remporté le César de la meilleure réalisation pour ce même film). Elle nous offre aujourd’hui un véritable thriller, aussi politique qu'économique et industriel, sur les coulisses du pouvoir et du CAC 40. La mise en scène est classique mais simple et élégante. Le scénario est bien écrit. Elle a rencontré plusieurs femmes chefs d’entreprises et a été conseillée par une journaliste spécialisée. J’ai trouvé le tout très crédible et très édifiant. Une espèce de violence feutrée, sans pathos, sans défaitisme et sans féminisme appuyé. Il faut dire aussi qu’il y a Emmanuel Devos dans le rôle titre. Une fois de plus elle est formidable. C’est un pléonasme de dire cela depuis un moment déjà. Elle est parfaitement entourée par Richard Berry, Benjamin Biolay, John Lynch (The Fall), Suzanne Clément ou le maintenant très rare Sami Frey. Au final, un film prenant et plutôt passionnant, pour un sujet rarement traité au cinéma. C’est très efficace et on passe très bon moment.
On pourrait aisément imaginer, sans tomber dans le procès d'intention, que la brillante réalisatrice Toni Marshall n'est pas des mieux placées pour appréhender le monde de l'entreprise avec acuité et modernité. Et bien, ce "Numéro Une" est tout le contraire. La réalisatrice présente l'univers des gouvernances de grandes entreprises d'une stupéfiante actualité où les questions de pouvoir, de sexe, et d'argent prennent la place à des humanités généreuses, sensibles et solidaires. La réalisatrice nous plonge avec effroi dans un monde de la conquête du pouvoir où tous les coups sont permis pour réussir. Le film démontre un recherche documentaire digne d'un ouvrage de sociologie des organisations. Au milieu de ces univers, fortement masculins, règne Emmanuelle, une femme ambitieuse, brillante, qui joue autant de ses talents de négociatrice que de son charme féminin pour mieux ravir de nouveaux marchés. On pense au très subtil "L'exercice de Pouvoir" sinon que l'action se passe dans le monde des affaires; où s'opposent, à coups bas, les lobbys féministes et la gente masculine, certaine de sa puissance. On assiste avec terreur aux pressions de toutes sortes, aux influences politiques, à la violence des rapports sociaux dans ce monde qui voudrait bien se prétendre civilisé et bien élevé. Emmanuelle Devos habite ces paysages de la spéculation avec une magnifique aisance. Une fois de plus, elle fait la démonstration d'un incontestable talent de comédienne, que renforce une scène, particulièrement emblématique, où elle récite avec sa fille un célèbre morceau de théâtre. Le film rappelle son exceptionnelle prestation dans "Le temps de l'aventure", à l'exception près qu'ici, le théâtre n'est pas celui des sentiments, mais de la violence absolue des rapports de pouvoir.
Ce film est un chef d œuvre pour parler du combat de l égalité des sexes. Il nous emmène également dans cet univers méconnu celui de l accession aux postes à haute responsabilité, d être dirigeant d un grand groupe du cac40, où la politique est très proche et les pratiques douteuses également. Emmanuelle Devos et Richard Berry jouent à merveille. C est le genre de film qui luttent pour des causes nobles d être simplement égaux au même titre que la lutte contre les discriminations raciales, l acceptation de l homosexualité, du handicap, etc etc. C est vrai qu on peut se dire est ce qu on est dans le féminisme ou réellement dans une lutte d égalité. A vous de voir ce film et donner votre avis.
Remarquablement interprété mais j’ai trouvé le personnage d’Emmanuelle Devos peu crédible et le film un peu hors sujet. Peu crédible car trop parfaite. Bonne mère, épouse, fille, honnête, cultivée, juste, compatissante et en pleine réussite professionnelle. Si ce n’est l’allusion à une dépression passée, on a l’impression que cette réussite ne nécessite presque pas de sacrifice, de compromis, de compromission. Hors sujet car il dénonce finalement plus le machiavélisme des processus d’accession au pouvoir que le sexisme et la misogynie dont sont victimes les femmes dans beaucoup de secteurs. Pour moi ce film rate sa cible et c’est dommage car c’est un vrai sujet.
Un bon sujet, un bon film. Le grand plaisir de revoir Sami Frey. Les hautes sphéres de l’industrie mélées aux influences politiques et lobbyistes. C’est tout à fait passionnant. Emmanuelle Devos est excellente, Richard Berry est parfait. Un bon film, intéressant à voir.
On passe un bon moment et on ne s'ennuie pas grâce au talent d'Emmanuelle Devos. Mais s'il permet de se rendre compte de la violence des jeux de pouvoir, le film reste à la surface des choses et ne montre pas concrètement comme se nouent les alliances entre personnes de pouvoir. Il manque un peu un esprit à la House of Cards pour que le film soit vraiment bon. En revanche, le film résonne bien avec l'actu et le scandale Weinstein en abordant les clichés sur les femmes de pouvoir qui restent toujours prégnants aujourd'hui.
1. Voilà un joli film sur le féminisme version grande bourgeoisie. C'est comique et un peu pitoyable. Aucune femme du film ne défend la cause des femmes. Leur objectif n'est jamais un combat pour l'égalité des femmes en général. C'est plutôt une bataille de quelques privilégiées qui cherchent à prendre des places de pouvoir. Bon. Soit. Pas très passionnant tout ça. — 2. Voilà un film qui loupe son sujet mais qui raconte quand même un truc. S'il parle de féminisme, c'est pour en faire un décor dans lequel se joue la lutte pour le pouvoir économique et social. La France, et c'est sans doute le côté le plus intéressant du film, est présentée comme une république bananière aux mains de quelques-uns. Pas inintéressant, même si je pense que cette critique sociale acerbe ne soit pas le propos voulu par la réalisatrice. — 3. Les critiques qui parlent d'un "Thriller" n'ont pas vu le même fim que moi. Il n'y a aucun suspens. Donc on s'ennuie un peu. Heureusement, un très beau casting sauve l'ensemble (Frey, Biolay, Devos, Berry, etc…). Mais heureusement qu'ils sont là ces acteurs, car la réalisation est très très poussive. La caméra ne sait pas où se poser. Des détails insignifiants sont mis en avant. On a sans arrêt droit au désormais fameux Engrenages dans lequel un avant plan flou occulte les 3/4 de l'image. Les plans de la Défense ou des éoliennes n'ont aucun intérêt, ni formel, ni symbolique… rien… Bref… Tout ça faisait un peu téloche à mamie.
La conclusion : on passe un moment. Ni bon ni mauvais. Ravi de revoir Emmanuel Devos. 1 étoile pas plus car je ne recommande pas vraiment ce film. Il y a mieux à voir en ce moment.
Un film percutant sur la conquête du pouvoir par une femme incarnée par la toujours très juste Emmanuelle Devos. Une critique plus détaillée et d'autres sur le-blog-d-elisabeth-g.blogspot.fr
Une immersion dans le monde des affaires, misogyne, sexiste. Un tableau assez réaliste, avec d'ailleurs en toile de fond de vagues évocations d'une numéro une ayant réellement été propulsée à la tête d'un groupe similaire à celui du film, par carnet d'adresses, réseaux d'influence et coup politique interposés. On regrettera simplement que dans ce scénario, c'est surtout l'entourage de la numéro une potentielle qui se bat, qui calcule et qui intrigue pour son propre compte, davantage que l’héroïne elle-même de ce thriller économique. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce Président d'un grand groupe bientôt en fin de mandat qui, ces jours-ci, a flingué par médias interposés et comme on dit habillé pour l'hiver la candidate la plus pressentie à sa succession. Bon, j'en ai trop dit et ce à quoi je pense n'est pas dans le film mais ce genre de choses (qui arrivent, la preuve) est bien dans le sujet et le thème dépeints par ce "Numéro une".
Une brochette de bons acteurs mais sous exploités. Thème intéressant mais traité de façon trop décousue et Devos qui joue habituellement très bien ne semble pas être rentrée dans la peau du personnage. Certaines scènes tournées à l'hôpital ressemblent à un tournage de série B. De nombreux passages trop longs auraient dus être supprimés au montage car ils alourdissent l'intrigue. Bref, ce film manque de rythme et de clarté. Il contient les erreurs typiques du cinéma français qui a du potentiel mais bascule souvent dans les mêmes faiblesses : faire long quand on peut faire court. Dommage.
Un Tonie Marshall pas désagréable mais au scénario plutôt convenu, d’un féminisme institutionnel politiquement correct et à l’académisme guindé. La direction d’acteur(rices) est quant à elle impeccable.