Le destin a voulu que France 3 diffuse le dernier film de Tonie Marshall quelques heures avant son décès, m'en donnant une lecture un peu particulière lorsque je l'ai découvert. D'autant que le sujet n'est pas anodin : la place des femmes dans la société en général et en particulier dans les plus hautes sphères du pouvoir, dont elles resteraient désespérément absentes. Sur le fond, pourquoi pas : cela change du cinéma social dont notre hexagone raffole, quitte à souvent oublier toute démarche artistique. N'empêche : difficile pour moi de s'intéresser à tous ces gens de la haute, que la réalisatrice s'efforce, certes, de rendre un minimum complexe et attachants, sans y parvenir totalement, évitant soigneusement au passage de parler politique dans un milieu manifestement très à droite. Pire : elle essaie d'être subtile et n'y parvient que rarement, notamment dans son regard régulièrement acéré sur les hommes, sans doute pas totalement à tort, mais pour moi qui suis à mille lieues de ce genre d'état d'esprit, même avec un fond de vérité, j'ai toujours du mal. Reste que le scénario, malgré quelques aspects vraiment étonnants
(ce club « féministe » tentant de peser au quotidien dans les grandes décisions prises dans le pays)
, est assez clair et se tient à peu près, la réalisatrice ayant su imaginer certains personnages séduisants, souvent bien interprétés : Suzanne Clément, Francine Bergé, John Lynch, Bernard Verley et surtout le toujours excellent Richard Berry. Mais celle qui marque clairement les esprits, c'est Emmanuelle Devos. D'une beauté radieuse, elle parvient à rendre séduisante, presque touchante cette héroïne dont je n'aurais que faire hors grand écran : on a l'impression que tout pourrait s'effondrer si elle n'était pas là, mais elle l'est. Bref, si toutes ces réserves m'empêchent d'être vraiment satisfait, au moins voilà un « thriller financier » réalisé un minimum dans les règles de l'art : à défaut d'être le chant du cygne espéré, une sortie de scène honorable, portée par une actrice exceptionnelle.