[FEMINISME] [SEXISME] Hier, j'ai vu un film ou un monstre, pédophile, violeur, misogyne et syphilitique devient un grand peintre dévasté, pauvre et dont il faudrait avoir pitié.
Hier, j'ai vu l'histoire d'une jeune fille de 13 ans, abusée, violée, contaminée, vendu et abandonnée, devenir une femme infidèle, consentante et détestable.
Hier, je me suis détesté en regardant ces images, car même en sachant la vérité sur cette histoire, j'ai voulu détester cette femme qui n'a que trop souffert et à qui on enlève toutes chances encore une fois d'être reconnu comme victime.
Hier, je pleurais de colère. Alors que l'histoire de l'art avance sur la vérité caché de ce personnage monstrueux qu'était Gauguin, le cinéma lui recule et pose encore une fois le doigt sur quelque chose de trop courant dans cette société : LA CULPABILISATION DES FEMMES ou même L'INVISIBILISATION DE LA SOUFFRANCE DES FEMMES (ou comme la BD de Emma "la faute des femmes").
Gauguin à Tahiti c’était un colon, qui abusait des jeunes filles de 13 et 14 ans, dont il cachait cette forme de relation à sa fille, elle même âgé de 13 ans. Je vous cite un bout du texte de Chantal Spitz, écrivaine polynésienne :
"«Cette jeune fille, une enfant d'environ treize ans, me charmait et m'épouvantait; que se passait-il dans son âme? et dans ce contrat si hâtivement conçu et signé j'avais la pudeur hésitante de la signature, moi presque un vieillard.» Noa noa.
«Je vis avec 100 francs par mois, moi et ma vahine, une jeune fille de treize ans et demi.» Lettre à Monfreid, avril, 1896.
«Il me reste à vous dire que Tahiti est toujours charmante, que ma nouvelle épouse se nomme Pahura, qu'elle a quatorze ans, qu'elle est très débauchée.» Lettre à Vallette, juillet, 1896.
Gauguin vivant le mariage de Loti... mythe oblige... pense qu'il suffit de traverser les océans et s'installer à Tahiti pour se permettre impunément des comportements criminels réprimés par les lois de son pays car si ce n'est pas de la pédophilie c'est au moins un détournement patent de mineures. Que la vie sexuelle féminine commençât à la puberté dans un monde aux expressions humaines différentes de l'Europe ne dédouane nullement les Occidentaux qui se vautraient dans les corps du délit oublieux de la morale qu'ils exigeaient sans doute pour leurs filles restées aux pays."
Ce film veut nous faire croire à une complicité entre la victime et son violeur. Ce film ne représente même pas l'âge réel de Tehura, masqué sous les traits d'une nouvelle actrice qui en parait bien 25. Peut être par peur d'un scandale ? Fort probable étant donné la scène de sexe au milieu de film entre les deux amants, avec une fille de 13 ans le public n'aurait pas apprécié. Autant caché la vérité.
Ce film nous romance cette histoire atroce, voyant deux personnes s'aimant, égoïstement, séparé par deux cultures et deux manières de vie bien différente et ne cite à aucun moment la pédophilie, la syphilis ou la misogynie de ce personnage reconnu aujourd'hui dans l'histoire. Que reste-il dans ce film du vrai Gauguin ? Rien.
Ce film est une honte pour toutes ces femmes non consentantes, utilisées pour des spectacles sexuels, offertes aux visiteurs, "confiées" par leur famille au premier colon qu'ils voient. (Source : écrits des voyageurs). Ce film est une honte qui ne défend pas la colonisation chrétienne certes, mais qui défend le sexisme, le pédophile et le violeur qu'était Gauguin, au détriment de l'histoire coloniale et de ses conséquences !
Une question d'époque dirait vous , de culture ? Le consentement n'a ni culture, ni époque, ni continent.
Non Monsieur Deluc, Non Monsieur Levy, même si je vous ai trouvé fort sympathique et ouvert à la discussion, vous prenez trop de liberté sur l'interprétation du livre Noa noa. Vous prenez trop de liberté sur la vie de Gauguin et continuez de déconstruire le travail de nombreux historien-nes et historien-nes de l'art durant des années au seul titre de montrer un beau film aux merveilleuses images (que je reconnais).
Il faut qu'on arrête de propager l'image glorieuse de cet homme ! Partagez !
Je vous invite donc à regarder cette vidéo d'une conférence d'une historienne de l'art, Lise Martinot, qui explique bien la vie, la peinture, le personnage de Gauguin, mais aussi elle analyse et cite des sources importantes pour comprendre où se situer aujourd'hui par ces nombreuses recherches et vérités : art d'histoire sur YouTube
Je vous invite aussi à lire Chantal Splitz, écrivaine polynésienne, sur la question.