On voit des gens marcher à gauche, la caméra leur suit. Dans le bruit des rues, on croit entendre une femme crier "Au secours!". Seulement le protagoniste du film tourne sa tête, contrarié. Au même temps qu'ils essaye de trouver la source du cri, personne s'arrête, la caméra est toujours en mouvement, suivant les piétons. L'homme retourne la tête vers le front et il continue son chemin. "Au secours!", deuxième fois. Plus fort et plus claire qu'avant. Maintenant, plusieurs gens se tournent. mais personne s'arrête après le deuxième appel. C'est pour ceci que la caméra suit la direction des personnages sur l'écran, incapables de trouver ce femme qui crie, donc ils marchent encore comme si de rien n'était. Un troisième "Au secours!" si assourdissant que menaçant, fait que tout le monde s'arrête. Les gens regardent en dehors du cadre, vers leur droite, vers cette femme qui n'arrête pas de crier et qu'on entend de plus en plus fort selon, on suppose, qu'elle s'approche. Mais les gens se sent menacés et ils fuient la dame en détresse. Tous sauf notre protagoniste, paralysé par la frayeur, qui se trouve seul avec un inconnu à protéger contre son choix cette femme en danger. L'homme n'a pas exprimé une volonté d'aider cette femme, sinon qu'il se trouve piégé dans cette situation: il est obligé à l'aider.
Cet homme, victime d'une obligation morale dans cette scène si efficace, c'est le directeur du musée d'art moderne de la ville, qui travaille en ce moment dans la présentation d'une nouvelle oeuvre, The square. Il s'agit d'un mètre carré marqué en blanc par terre qui sert comme capsule de paix, justice et harmonie pour celui qui entrerait dedans. Östlund utilise ce carré comme métaphore dans cette satire sur les limites de l'éthique et de l'art, mais surtout aussi des limites de l'hypocrisie des bourges. Pour ceci, il compile des gags absurdes au rythme reposé et très froidement filmés. Pur style scandinave, mais beaucoup plus efficace que dans son précédent film, Snow therapy.
Pour inaugurer l'oeuvre du titre du film, une bonne promotion est essentielle. Le musée a besoin de créer une image puissante, qui apparaisse dans tous les médias pour attirer un nouveau public. C'est pour ceci que le département de marketing proposera une campagne publicitaire qui mettra en colère la société suédoise. Une campagne cruelle, violente et misérabiliste qui, en plus, va contre le but de l'oeuvre elle-même. Premier coup de poigne du réalisateur contre le marketing qui règne aujourd'hui le secteur de l'audiovisuel. Il fat que tout soit virale, qui provoque du buzz, qui fasse du hype, qui génère des likes, des followers, des shares et de commentaires. À n'importe quel prix.
La mauvaise gestion de l'affaire provoquera un tel chaos qu'une question sera posé par la presse, Ils sont où les limites de l'expression artistique? La réponse, ou le manque d'une, mettra en évidence une élite culturelle qui se vante d'un statut cultivé privilégié mais incapable d'analyser le fond morale pour se défendre de la rage du peuple heurté. Tout au long du film on voit des SDF par tous les coins de la ville, description d'un état d'urgence sociale ignoré par ces personnages trop occupés par leur fêtes dans leurs châteaux. Pire encore, ils attendent une médaille comme réponse aux gestes banales vers les pauvres et ce qui reçoivent dans leurs têtes surprises ce n'est que la colère des impuissants face à l'injustice. Une élite ignorante, inutile et incapable. Le manque d'empathie mène à la catastrophe. Comme exemple, le protagoniste met sens dessus dessous dans un immeuble de banlieue pour récupérer son smartphone. Les conséquences, inespérées, serviront au moins comme leçon, vu ses remords vers la fin du film.
Tous ces sujets: les limites de l'expression artistique, de l'hypocrisie et le manque de réaction de la bourgeoisie apparaissent dans la scène la plus remarquable du film: la performance d'un artiste imitant un gorille dans l'inauguration de la nouvelle saison du musée. Une bête qui répondra de façon agressive à tout mouvement dans la salle. Une image surréaliste où on voit les tout-puissant baisser la tête, sans oser respirer. Et d'un coup, comme au début du film, une femme demande de l'aide sans réponse. "Au secours!" Rien. "Au secours!" Personne. "Au secours!" Trop tard.
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