The Square, c'est une œuvre d'art, aux vertus humanistes et bien-pensantes que le conservateur de musée, Christian, s'apprête à exposer dans le Musée d'Art Contemporain qu'il dirige. Tout devrait se passer comme d'habitude : la campagne de publicité, les donations, les soirées mondaines, les interviews sinon que notre héros se fait voler son téléphone et son portefeuille, alors qu'il tentait de secourir une passante. "The Square" est un film de bobo qui n'aime pas les bobos. Le réalisateur dont le fabuleux "Snow Therapy" empruntait déjà un ton résolument cynique, entame une sorte de critique contre la société dont lui-même fait partie. Le film brasse une multitude de thèmes, guidés essentiellement par le spectre de la décadence : l'indifférence, la bonne-pensée de la société intellectuelle, la fracture sociale, l'orgueil, l'hypocrisie, etc. Surtout, "The Square" constitue un formidable réquisitoire contre une couche aisée de la population, qui, au nom d'une sorte d'élitisme intellectuel et bourgeois, verse dans les mêmes tourments que tous les autres être humains, mais cette fois, à coup d'attitudes policées et raisonnées. Cette fable de l'autodérision plonge le spectateur dans un sentiment de malaise et de colère. Pendant toute la durée du film, laquelle d'ailleurs aurait mérité d'être raccourcie, le spectateur s'enfonce dans un sentiment complexe pétri de culpabilité, de rejet, et de souffrance. "The Square" ne fait pas du bien. Au contraire, le film exclut la complaisance; jusque cette scène totalement troublante où un artiste se fond dans la peau d'un animal. On ne peut pas rester indifférent devant un tel film. En même temps, la question est posée si le propos volontairement démonstratif, n'est pas exagéré ou réducteur.