Que cela fait du bien de voir une comédie française culottée, totalement loufoque et foutraque, jamais vulgaire, mais qui sait aussi être douce amère, émouvante et inventive loin de l’humour un peu lourd d’un probable succès populaire sortant le même jour …. Pour son troisième long métrage après «Douche froide» et «Happy Few», le réalisateur français Antony Cordier nous aura fait attendre sept ans pour signer cette comédie sentimentale et familiale. Après s’être tenu prudemment à l’écart pendant des années, Gaspard (Félix Moati), 25 ans, doit renouer avec sa famille à l’annonce du remariage de son père. Dans le train, il propose à Laura (Laetitia Dosch) , une fille fantasque, de jouer sa petite amie le temps du mariage, moyennant finances. Il se sent enfin prêt à remettre les pieds dans le zoo de ses parents et y retrouver les singes et les fauves qui l’ont vu grandir entre un père (Johan Heldenbergh) trop cavaleur qui soigne son eczémas dans un aquarium de poissons docteurs, un frère ( Guillaume Gouix) trop raisonnable mais qui aime les filles tatouées, et une sœur ( Christa Théret) bien trop belle qui se promène vêtue de la peau d’un ours ancien pensionnaire du zoo, comme Peau d’âne, et qui elle-même se prend pour un ours, une mère absente qui a été tuée par un tigre…une fiancée ( Marina Foïs) vétérinaire du zoo qui n’a plus trop envie de se marier...la famille vit au sein d’ un parc animalier, dans une vaste demeure que l’on ne peut rattacher à un style architectural particulier, mi-demeure de Louisiane, mi manoir provincial…un squelette de cheval trône sur la cheminée du salon…tout cela donne un film iconoclaste et évanescent dans la lignée de Michel Gondry et Jean-Pierre Jeunet…C’est léger, avec une grande liberté d’écriture, de ton, de filmage, d’interprétation ... Mais pour nous dire quoi ? Cette famille atypique prône la différence, s’en réclame. Vivant au milieu des animaux, elle assume sa part animale, la pudeur n'est pas de mise, il est beaucoup question d'odeur et de nourriture... De ne pas aller dans le sens du vent, de ne pas être là où on l’attend. Comme les animaux du zoo, imprévisibles (un caribou à deux têtes…). Un futur marié volage, incertain, mais qui aime ; un fils détaché, amoureux, défié par une inconnue ; un autre, en apparence rationnel, mais en réalité dans son monde ; une fille, femme-enfant aux instincts incestueux, mais au fond la plus fidèle et raisonnable…Certes tout n’est pas parfait, il y des échappées sur la forêt qui font un peu office de remplissage et le film s’essouffle un peu sur la fin, mais on aime cet univers tendre, délicieusement absurde, poétique, la nostalgie d’une jeunesse heureuse près de la mère…retracée par de charmants flash-back façon super 8 … Et toute cette mélancolie est résumée dans la conclusion : mûrir, c’est parvenir à aimer quelqu’un plus que sa famille.