Hotel Artemis est un peu tout seul dans ce genre moderne de film catastrophe qui fait peur parce que son histoire, dramatique, est là, toute proche. 2028. Dix ans seulement après la date de sortie. Brr. Alors sa technologie utilise des imprimantes 3D à usage médical (qui marchent sans électricité, oui, ne faites pas attention) & son intrigue se base sur des émeutes liées à la pénurie d’eau. En gros, on part sur de la SF.
Le film est réalisé par un auteur de scénarios musclés : Mission Impossible, Fast and Furious, Iron Man 3, bref, Pearce aime quand ça dégouline de testostérone & il n’y avait pas de raison qu’il ne refasse pas la même chose à sa manière une fois les caméras en main. Jodie Foster dans le rôle de l’infirmière garçon manqué & caractérielle, du coup, c’est raccord. Elle est obligée de parler tout le temps comme si on venait de la vexer, par contre ? Mais bref, en gros, on part sur un film d’action.
Malgré son nom de station spatiale, l’hôtel Artemis est un hôpital pour criminels. Dans ce huis-clos à la fois cosy & grinçant où Pearce développe de forts thèmes colorés comme pour briser la promiscuité, les patients se préservent comme ils peuvent de la violence en créant leurs propres bulles de violence contenue. Mais c’est aussi une bulle scénaristique dans laquelle il est aussi dur de rentrer que dans l’hôtel avec ses 10 mystérieuses règles (qui sont expliquées dans le trailer, apparemment… super…) & dans laquelle les personnages pénètrent les uns après les autres en laissant leur contexte à la porte comme si Pearce utilisait un comic comme format narratif.
Tous les personnagees ont des airs de super-héros, d’ailleurs ; le plus souvent, le détachement de l’œuvre de tout univers normé leur permet d’évoluer avec une certaine classe, mais à d’autres moments la redite atmosphérique de Marvel pointe son nez, & elle n’est pas franchement bienvenue – c’est un peu le même syndrome que Pacific Rim dont Charlie Day reprend le rôle nerveux.
Faire un film en standalone alors qu’il mériterait une portée plus grande, c’est paracinématographique, ce qui est un joli mot pour dire qu’on s’en fiche un peu. Mais que des éléments de l’histoire paraissent marcher en standalone aussi, c’est non. Que ce soit le vocabulaire ampoulé ne reposant sur rien, les liens d’affection entre les personnages ou simplement le background de tout ce qu’il se passe, tout souffre qu’il manque un gros morceau de l’histoire – un morceau qui n’existe nulle part, en fait, & qui laisse à penser que Pearce aurait voulu voir ses personnages dans une franchise.
Entre Elysium & Seven Sisters, l’ambiance initialement ouverte sur de nombreux possibles devient petit à petit la porte ouverte aux clichés, notamment en matière de combats quoique Pearce sait y ajouter une sorte de rage esthétique & impressionnante. Pas particulièrement crasse, Hotel Artemis laisse cette impression de façon un peu disproportionnée à quelques occasions involontaires & incontrôlées.
Le film était-il juste trop court, ou pas assez audacieux dans les écarts qu’il aurait pu se permettre avec son casting qui repêche la moitié du MCU ? On ne le saura peut-être jamais, mais il risque d’avoir créé beaucoup de frustrés.
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