Vous aimez les films d’action et d’anticipation, vous cherchez à vous divertir sans réfléchir mais avec une production originale, maîtrisée et sans accrocs ? « Hotel Artemis » est fait pour vous. Dans la sinistrose ambiante qui règne dans les salles de cinéma depuis un mois ou deux, que ce soit pour les blockbusters comme dans le cinéma indépendant, cette série B de luxe fait figure d’oasis et de vision paradisiaque. Attention, ce premier film écrit et réalisé par Drew Pearce n’est pas un chef-d’œuvre ni un immanquable, certes. Mais à l’instar et dans le même genre que « Equilibrium » il y a quinze ans ou « Profession Profiler » cinq ans après, c’est le type de petite bobine intelligente, pêchue et ultra distrayante qui peut vous sauver votre été cinéma. Car on ne s’ennuie pas une seule seconde en la regardant et on prend un plaisir monstre.
Le film n’est pas parfait, loin de là, comme le montre le premier quart d’heure qui s’avère un peu fouillis et laborieux. Ensuite, il y a un manque de budget flagrant qui empêche des scènes d’action plus impressionnantes et des extérieurs plus ambitieux en rapport avec le contexte (émeutes générales à Los Angeles). De la même manière, « Hotel Artemis » bâtit une mythologie intéressante mais de nombreuses pistes ne sont pas exploitées et nous laissent sur notre faim. Certains points du scénario auraient pu être passionnants si le film durait une demi-heure de plus (la privatisation de l’eau et de la police, l’histoire du Wolfking, …). D’ailleurs, pour ceux qui ont vu « John Wick » et sa suite, ce long-métrage semble être le spin-off de la saga avec Keanu Reeves se focalisant sur ce fameux hôtel pour criminels. Pompage éhonté ou hommage, dans tous les cas on adore. On adore parce que cette histoire est excitante, bourrée de codes et de détails amusants et/ou jubilatoires (le nom des chambres, les règles, …) mais surtout parce que Pearce emballe son film comme une série B à l’ancienne, maîtrisée et rythmée de bout en bout.
Une fois l’histoire lancée et le rôle de chacun attribué, on sent que tout cela va finir en eau de boudin et la tension monte crescendo jusqu’à un final explosif. Les combats sont parfaitement chorégraphiés et filmés (on y voit quelque chose), Sofia Boutella montrant encore une fois après « Atomic Blonde » ou « Kingsman » l’étendue de ses talents dans ce domaine. L’atmosphère et l’esthétique du film sont cohérents, décrivant sans la montrer une Cité des Anges gangrenée et au bord de l’asphyxie. Quant à l’hôtel, s’il l’on voit peu de décors, il y règne une ambiance à la fois horriblement putride et délicieusement chic qui attire l’œil. Enfin, le casting de « Hotel Artemis » est épatant et tous ces bons acteurs sont pour beaucoup dans la réussite du film. Les personnages sont un peu plus fouillés qu’à l’accoutumée dans ce type de production bis mais ce sont les acteurs qui les incarnent qui donnent le la. Ils parviennent même le temps d’une ou deux scènes à donner de l’émotion là où on n’en attendait pas. Et bravo à Jodie Foster (très rare sur les écrans) d’avoir accepté de jouer un rôle important dans un premier film de genre à petit budget. On sent l’humilité d’une actrice complète et accomplie. En bref, « Hotel Artemis », c’est le plaisir pas si coupable que ça de cet été.
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