Après un petit passage au documentaire avec l’édifiant et éreintant 4 Little Girls, il était temps pour Spike Lee de revenir à la fiction, avec une histoire supposément plus calme que ces derniers opus, He Got Game.
Contant l’histoire d’un jeune basketteur en proie au doute au moment de choisir la suite de sa vie qui voit son père, le meurtrier de sa mère et celui qui lui a tout appris en basketball, revenir dans sa vie pour lui dicter son choix, He Got Game aurait pu être un sympathique drame sportif. Mais Spike Lee en a décidé autrement et livre un film qui parle de choses de la vie bien plus importante que le basketball. Le film ne parle d’ailleurs même pas de basketball. Il parle de la vie, de l’avenir, de la manière de les vivre (un peu comme SLC Punk ou la série Daria, œuvres datant de la même époque) et surtout du pardon, à ne pas confondre avec l’oubli et offre une réponse très personnelle en seulement 2 heures et quart. Cela tient du prodige.
En effet, He Got Game tient du prodige et fait partie des œuvres les plus importantes et les plus personnelles de Spike Lee. Au-delà de son discours magnifique et des méandres de la décision du personnage magistralement interprété par Ray Allen, Spike Lee en profite pour montrer de quel bois il se chauffe, quand on parle de mise en scène. Monsieur Lee orchestre des scènes de playground sur de la musique classique, morceaux composés par Aaron Copland, enchaîne les plans fabuleux tout en ombres et lumières (la photographie est tout bonnement exceptionnelle) et se permet quelques scènes symboliques (comme la dernière séquence) qui ne paraissent jamais forcées. Il s’entoure d’ailleurs d’une galerie d’acteurs parfaits, aux rôles tous très développés et jamais unidimensionnels.
Denzel Washington n’a jamais été aussi inquiétant, même dans Training Day, dans un rôle qui fait sans doute partie des plus beaux de sa carrière. Comme dit auparavant, Ray Allen est parfait, on retrouve la lumineuse Zelda Harris de Crooklyn, Hill Harper et Rosario Dawson représentent parfaitement les deux phases de l’entourage d’une future star, Bill Nunn y est un salaud idiot extrêmement convaincant et Milla Jovovich n’a pas le temps de gâcher le film. Quelques caméos d’habitués, comme John Turturro ou Jim Brown sont à signaler. Tous ces acteurs sont au service du film, au lieu de briller chacun de leur côté.
He Got Game est un film exceptionnel, dans la mesure où, sous couvert de basketball, il parle de sujets aussi universels qu’importants et décisifs dans la vie d’un Homme. He Got Game est beau, émouvant et passionnant. Top-notch.