Si "Fatima" l'a mis particulièrement en lumière il y a 3 ans, c'est en 1990 que Philippe Faucon a réalisé son premier long métrage et, avec Amin, il atteint le total de 9 réalisations de longs métrages sortis en salles, auxquels s'ajoutent une poignée de téléfilms. Dans "Amin", présenté à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2018, il continue de montrer son intérêt pour les populations immigrées, s'intéressant cette fois ci aux déracinés solitaires, ceux qui ont quitté femme et enfants pour venir travailler en France et qui, le plus souvent, vivent entre eux dans des foyers.
Amin, un sénégalais discret et peu bavard, est l'un d'eux. Très altruiste, il fait en sorte de récolter de l'argent auprès de ses compatriotes afin d'entretenir l'école de leur village. Quant à l'argent qu'il gagne, il sert surtout à la construction d'une maison au pays. De temps en temps, il rentre dans son village, en cachant de l'argent dans ses chaussettes, afin de retrouver Aïcha, son épouse, et leurs 3 enfants qu'il ne voit donc grandir qu'épisodiquement. Si Amin est le personnage principal du film, de nombreuses autres histoires sont racontées dont trois histoires personnelles : celle d'Aîcha qui, lorsqu'Amin est en France, est en butte à la surveillance que sa belle-famille veut exercer sur elle mais qui est bien loin de se laisser faire ; celle d'Abdelaziz, un marocain aux deux familles, l'une au Maroc, l'autre en France, qui, au moment de partir à la retraite, prend conscience, aidé par une de ses filles françaises, qu'il ne touchera qu'une retraite de misère car il n'a jamais été déclaré ; celle de Gabrielle, une femme en instance de divorce, harcelée par celui qui est encore son mari, et qui aspire à retrouver sa liberté perdue. Un film très riche, donc, qui réussit en quelque sorte à faire le tour avec beaucoup de justesse des situations difficiles vécues par ces travailleurs exilés sans oublier d'évoquer celle des épouses restées au pays et celle des femmes qu'ils peuvent rencontrer dans l'hexagone.
On notera avec amertume que le film a déjà fait l'objet de nombreuses attaques racistes sur les réseaux sociaux. En cause, l'affiche du film, une femme blanche et un homme noir, côte à côte dans un lit. Le réalisateur du film s'appelle Faucon, à votre avis, comment peut-on qualifier celles et ceux qui l'attaquent ?