On dit souvent de Pierre Carles qu’il est le Michael Moore français. Eh bien, pour alimenter leurs derniers films, aussi bien Pierre Carles que Michael Moore ont traversé l’Atlantique pour aller chercher sur l’autre rive des solutions aux problèmes rencontrés dans leur pays d’origine : Michael Moore a sillonné l’Europe et la Tunisie dans "Where to invade next", sorti mi-septembre, Pierre Carles et Nina Faure se sont rendus en Equateur pour "On revient de loin". Ce film est la suite de "Les ânes ont soif" et "On a mal à la dett"e, les deux documentaires précédents de Pierre Carles, réunis lors de leur sortie en salles sous le titre "Opération Correa – épisode 1". L’Equateur, Rafael Correa, un pays et un président qui ont rué dans les brancards en ce qui concerne l’économie, rompant avec le dogme de l’austérité, désobéissant au FMI, contestant le paiement d’une dette considérée comme le plus souvent illégitime, menant une politique progressiste et volontariste qui a réussi à faire chuter de façon significative le taux de pauvreté et les inégalités sociales. Ce film ayant été tourné de Mars 2015 à janvier 2016, les réalisateurs se sont trouvés face à un certain nombre de problèmes rencontrés par le gouvernement de Correa. En fait, ce film permet de prendre conscience, une fois de plus, que le fait, recherché, de sortir une part importante de la population de la pauvreté pour en faire, finalement, une petite bourgeoisie arrive à se retourner électoralement contre les gouvernements menant efficacement une politique économique progressiste. Même si, à l’opposé, on entend un cadre retraité qui admet le caractère normal de cette politique économique et se félicite de la stabilité que connaît le pays depuis l’élection de Correa. Tout au long du film, on sent que les réalisateurs s’interrogent sur ce qu’ils font, sur ce qu’ils ressentent concernant cette expérience hors du commun. Il y a des certitudes qui vacillent et des flambées d’optimisme, par exemple lorsqu’on entend un ministre parler de l’accueil des gens du monde entier, sans frontière, sans passeport, dans visa. Cette expérience équatorienne, il y a des opposants politiques pour la qualifier de dictature. Franchement, un pays dans lequel la principale chaîne de télévision est privée et dont la police ne charge pas quand ils reçoivent des œufs ou de la peinture de la part de manifestants, d’après vous, est-ce vraiment une dictature ?