Considéré par certains comme un film culte, un film révolutionnaire en terme d’étalage d’une psychologie néfaste envers son prochain, American Psycho n’est cependant, à mon sens, qu’un exercice de style fade et sans saveur, un rapprochement foireux vers l’idéologie Kubrick, sans la moindre intensité, ingéniosité, ce que l’on pouvait retrouver dans les œuvres du dénommé Stanley. Mary Harron, donc, en pleine tentative de dépassement personnel, ayant toutefois la chance de pouvoir compter sur le comédien hors pair qu’est Christian Bale, à l’époque encore peu connu, et en vain.
L’immersion dans le petit monde des golden boys de la bourse New-Yorkaise est douloureuse tant l’on détestera rapidement ses protagonistes. Hormis les humeurs et les atrocités de l’ami Patrick Bateman, l’on ne ressent dès lors que ressentiments et répulsion pour ces nouveaux riches détestables, ces gamins parachutés dans la sphère de l’argent, en voulant toujours plus que l’autre. Comparatif de cartes de visites, concours de la plus belle cravate, du plus bel appartement et j’en passe, concours de plus belles conquêtes féminines aussi. Bref, comment éprouver réellement des sensations lorsque l’univers dépeint est aussi repoussant qu’il peut l’être. L’on attend donc qu’une seule chose, que le psychopathe massacre tout le monde dans les cris et l’ignoble. Rien ne vient cependant, si ce n’est une horreur psychologique ou suggérée, qui ne fonctionne pas.
Christian Bale, pour revenir à l’interprète principal, est bon, voir charismatique. Cependant, mal dirigé, l’acteur n’est finalement qu’une image, d’avantage qu’un personnage. L’on giflerait bien volontiers ce dernier à de maintes reprises, pour ce qui est de sa toilette quotidienne, de sa bêtise, de son envie d’être plus. L’acteur n’est saisissant que lorsque son personnage s’apprête à passer à l’acte, à tuer, de manière originale mais dont on ne nous montre rien. Le final, complètement inerte et sans intérêt, sera la cerise passée sur un gâteau préalablement tout écrasé, sans saveurs. Oui, passé sur un personnage principal mal exploité, ne reste qu’un casting de fantômes, même Willem Dafoe ne sert à rien.
L’on nous mitraille de noms de restaurants chics, de couturiers célèbres, de buildings cotés tout du long. C’est simple, dans mon cas, je ne peux pas aimer American Psycho car je n’apprécie absolument rien dans ce que Mary Harron dépeint, sans parler de la prétention d’en faire un film intelligent façon Kubrick. L’on ira même jusqu’à nous balancer des arrière plans New-Yorkais complètement décalé, je pense notamment aux décors au travers des fenêtres de bureaux ou d’appartements. Petit film mais grand acteur, dommage. 05/20