Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Cinéphiles 44
1 398 abonnés
4 246 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 28 octobre 2016
En Sibérie, l’Etat peut destituer des personnes de toute capacité civique. Cette incapacité légale prive ces personnes de tous les droits et devoirs d’un citoyen, mais leur interdit également d’avoir une famille, un métier, un domicile, de porter plainte, de choisir un traitement médical ou de voter. C’est dans ce sens qu’Alexander Kuznetsov nous invite dans un orphelinat et dans un internat neuropsychiatrique pour suivre Yulia et Katia. Chacune rêve d’une vraie vie et on les comprend. Elles vont alors se battre pour s’émanciper, mais ce chemin vers la liberté est difficile et va semer beaucoup de déceptions. Car si ces deux jeunes femmes peuvent en effet être dépendantes des autres pour vivre, ce n’est pas en se cloîtrant dans ce schéma qu’elles vont pouvoir avancer. Manuel de Libération est un documentaire poignant sur un contexte peu connu et qui ouvre la problématique des droits de chacun. D'autres critiques sur ma page Facebook : Cinéphiles 44
Effectivement, un tel documentaire nous renseigne sur l'existence de lieux psychiatriques d'internement à vie au nom de la justice. C'est une modalité du traitement d'état de certains êtres humains parfois fragilisés, parfois démunis et qui atterrissent en détention médicalisée. L'abandon parental conduit parfois à l'orphelinat, puis au centre dit "neuropsychiatrique". Nous sommes en Russie et l'internement abusif existe. Il ne concerne pas des malades mentaux, mais des gens ordinaires. Psychologues et psychiatres évaluent et remettent un rapport au juge, qui se prononce, soit pour la poursuite des "soins", de l'internement, soit pour une "libération" avec restitution des droits civiques. Sont évalués les potentialités subversives de révolte, le recul sur l'histoire des "troubles" ayant conduit à l'internement (la maltraitance, par exemple). Une évaluation cognitive est également pratiquée. Le directeur du centre accompagne la démarche de celles, qui prétendent et aspirent à leur libération. Cela se passe en Sibérie. En France, la psychiatrie de secteur est progressivement démantelée, la neuropsychologie et les TCC connaissent un succès croissant. Faut-il maintenir le cap ? Un tel documentaire nous donne un aperçu de possibles dérives au nom de la "neuropsychiatrie".