Tout comme son précédent film, « Midway », Roland Emmerich n’a pas pu faire financer « Moonfall » par les gros studios hollywoodiens. Il s’agit donc d’un film indépendant… tourné pour près de 150 millions de dollars !
Le réalisateur, visiblement tombé en disgrâce à Hollywood, devrait penser à changer de métier. Il semble être beaucoup plus performant pour convaincre des financiers que pour pondre une œuvre de qualité.
Car autant « Midway » proposait des choses intéressantes, dans une myriade de défauts. Autant « Moonfall » retombe dans les travers pachydermiques de « Independence Day : Resurgence ». Autrement dit, c’est un gros navet qui tache.
La Lune sort de son orbite, et menace de s’écraser sur la Terre. Qui sauvera le monde ? Une cadre de la NASA, propulsée directrice suite au départ d’un responsable nauséabond. Un ex-astronaute, mis sur la touche pour couvrir une sinistre affaire. Et un complotiste qui avait vu juste avec ses théories fumeuses sur la Lune artificielle.
Comment le formuler élégamment sans me faire censurer ma critique ? « Moonfall », c’est de l’essence de billevesée pure, qu’auraient sniffée des scénaristes entre deux pétards.
Le scénario est d’une incommensurable bêtise. Oubliez le bon goût, la logique, la cohérence de temps et de lieu, ou les lois de la physique (et oui, pour contrer l’interaction gravitationnelle, il suffit de rentrer dans une grange !). L’intrigue est menée par des idées enfantines, des clichés par avalanche, et des dialogues d’une nullité abyssale.
Sans parler de tous les personnages en carton dont on se fiche royalement. A noter que la personnage chinoise, totalement inutile, a sans doute été imposée par les financiers chinois (oui monsieur, c’est une co-production internationale !).
Les acteurs ont l’air totalement paumé dans un film qui sent bon le fond vert. Rien ne semble ni tangible ni palpable, si bien que l’on se désintéresse de tout. Sans compter des effets numériques excessivement hideux (mais où est passé le budget colossal ?).
Certains vont me dire que je suis trop dur, que « Moonfall » se veut comme un film outrancier et fun. Peut-être, mais ça ne veut pas dire qu’il faut oublier toute la base de ce qui fait un divertissement cinématographique.
A noter qu’Emmerich s’est permis quelques clins d’œil. Une vanne repompée intégralement sur « The Lost Word ». Et une référence à l’un de ses films allemands, « Moon 44 », évoqué avec grande subtilité par un énooooorme chiffre 44 affiché derrière l’un des protagonistes.
Je soulignerai tout de même qu’il y a l’idée réjouissante de se moquer des complotistes. Une thématique récurrente chez le réalisateur, mais qui a pleinement du sens à l’heure où les vérités scientifiques les plus élémentaires sont contestées. Cela aurait pu être vraiment intéressant, mais non, ça reste superficiel et grotesque.