Avis : Egon Schiele - Page 2

Fasciné par certaines oeuvres de Schiele, sculpteur sur papier, dessinateur de génie qui savait torturer les corps dans tous les sens pour en tirer la plus brutale beauté, je ne pouvais pas passer à côté de ce film.

En fait si. Si la préoccupation de l'espace envahi par ses modèles est assez bien expliquée, le peintre exigeant de ses modèles des poses diverses, il est assez surprenant qu'un esprit aussi rebelle à toute convenance artistique et morale (selon les us de l'époque mais que dirait-on aujourd'hui de ses nus d'enfants et de sa relation avec sa soeur ?) soit incarné par un acteur aussi policé que Noah Saavedra, d'une grande beauté romantique, certes, mais lisse, trop lisse. L'histoire nous est contée de manière classique, presque académique, ce qui n'est pas faire honneur à ce génie qui fut tout sauf académique (et le demeure encore aujourd'hui, 100 ans plus tard). Le peintre nous apparaît finalement comme un être égoïste et cédant aux convenances (son mariage), ce qui semble un parti pris surprenant même s'il n'est pas dénué de vérité. La fadeur de l'interprétation nous empêche d'en savoir plus.

En revanche, l'opiniâtreté de Maresi Riegner (Gerti), l'insouciance de Larissa Breidbach (Moa) et la joyeuse folie de Valerie Pachner (admirable Wally) permettent à ces actrices de sauver un film du naufrage, ainsi que les détails de la fresque historique.

Egon Schiele : Tod und Mädchen n'est dès lors pas un mauvais film, loin s'en faut, mais manquant singulièrement d'originalité et d'émotions, ça n'est pas un film qui rend hommage au talent sulfureux et, surtout, unique d'Egon Schiele.