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    Une vie cachée
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    3,9
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    259 critiques spectateurs

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    QuelquesFilms.fr
    QuelquesFilms.fr

    275 abonnés 1 651 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 14 janvier 2020
    C'est probablement le meilleur film de Terrence Malick depuis un bon bout de temps. Le plus lisible. Le moins "mystique à tous crins", même si Dieu et la foi sont questionnés tout au long du film, même si le clocher du village apparaît le plus souvent possible dans le champ de la caméra... D'autres dimensions, humanistes et historiques, entrent heureusement en concurrence dans ce scénario qui trouve un meilleur équilibre entre la terre et le ciel, entre l'humain et le divin. Il y est question de justice, de conscience, de droiture morale, de liberté, de conformisme... Tout cela par le biais de l'histoire (réelle) d'un paysan plutôt taiseux, qui s'arc-boute contre les vents dominants, sans grand discours philosophico-politique, arguant simplement d'une intime conviction. Posture à la fois héroïque, égoïste et fatale, que Malick, en citant George Eliot en conclusion de son récit, célèbre comme l'acte non historique d'une vie cachée dont dépend finalement le bien du monde. Et son salut, d'une certaine manière. Le réalisateur s'engouffre dans le silence buté de son héros et dans les grands espaces autrichiens avec son lyrisme habituel... auquel on ne s'habitue quand même jamais tout à fait, tant il est traversé de fulgurances poétiques, de sensations inouïes, de compositions incroyablement picturales. La caresse du vent dans les blés, un banc de brume sur une vallée, les travaux des champs, un enfant qui court, une lumière qui filtre par la lucarne d'une prison et éclaire une nature morte… On touche parfois au sublime ; la réalisation et la photo sont à tomber par terre. Les espaces apparaissent comme "habités", illustrant un panthéisme de toujours. Et le temps, étiré, est comme "dolorisé", lent chemin de croix méditatif, qui ne cesse heureusement de tutoyer la beauté du monde à mesure que le héros marche vers sa fin. Alors, bien sûr, le film est trop long, un peu répétitif, lourd parfois. Mais il dégage une impression de magnificence et une force émotionnelle (à laquelle contribuent beaucoup les deux acteurs principaux) qui imprègnent durablement l'esprit et la chair. Et qui invitent, cette fois-ci, à une certaine indulgence quant aux travers emphatiques du maître…
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 13 décembre 2019
    Un film d'une grande beauté et d'une grande poésie qui m'a saisit dès les premiers plans, une vraie oeuvre d'artiste qui se contemple
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 13 décembre 2019
    Film magnifique qui interroge de façon juste sur la liberté de conscience, et les limites du bien et du mal.
    Sylvain P
    Sylvain P

    343 abonnés 1 361 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 décembre 2019
    Encore une fois poétique, immersif voir submersif, Terrence Malick livre une oeuvre totale et exigeante. Une vie cachée est à la fois l'une de ses oeuvres les plus limpides, sans rien céder sur son langage cinématographique si particulier, auquel on adhère ou non. Il faut en effet avoir la patience d'entrer dans les quasi trois heures de pellicule qu'il nous offre entre les montagnes des Dolomites et la prison berlinoise de Tegel. Une oeuvre forte, bien que n'atteignant pas le sommet de son film culte de 2011 The Tree of life.
    Didier N.
    Didier N.

    3 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 13 décembre 2019
    Magnifique tout simplement .
    D une beauté rare pour cette histoire vrai dans laquelle on rentre avec bonheur absolu au départ tant cette histoire d amour entre ces deux êtres est merveilleuse, et qui nous amène lentement vers l incompréhension , la souffrance et la douleur.
    Mari et femme sont intransigeants sur les valeurs humaines et ne plient jamais devant l’adversité même si leur vie amoureuse doit en dépendre et ce sera le cas.
    La force de ce film est incontestable, les paysages sont sublimes, les acteurs crèvent l écran’ sans oublier la musique , je crois avoir avoir reconnu la passion selon Saint Mathieu.
    A voir et revoir sans modération et mille bravos.
    MIRALB
    MIRALB

    2 abonnés 80 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 décembre 2019
    A moins de recopier la critique de @poet75, je ne saurais mieux exprimer mon ressenti face à ce film.
    Nature et foi, beau duo, mais difficile à vivre...
    Mickkado
    Mickkado

    7 abonnés 30 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 mai 2020
    On sort sans voix de cette magnifique fresque de Terrence Malick, relatant la vie d'un paysan autrichien opposé au nazisme. Le film est bouleversant et les images d'archives, les lieux de tournage, ainsi que la justesse du jeu d'acteur viennent renforcer l'impression de réel qui se dégage du récit, tiré dune histoire vraie. Le film baigne dans une poésie et un émerveillement visuel constant. Le style de Malick trouve ici un bon équilibre, le film est moins experimental et plus lineaire que ses 3 précédents. La puissance émotionnelle va crescendo au rythme des lettres que s'échangent le couple, lues en voix off tout au long de ce chemin de croix, véritable leçon de courage, d'amour et de dignité. Le film interroge : jusqu'où serions nous prêt à aller pour défendre nos valeurs morales ? Il rend hommage à ces anonymes qui font l'histoire à leur échelle, souvent dans l'indifférence et l'isolement. Ceux qui mènent une vie cachée, et résistent à l'oppression contre vents et marées, car comme évoqué dans le film, "mieux vaut subir l'injustice que de la commettre".
    Christoblog
    Christoblog

    838 abonnés 1 688 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Pour apprécier ce nouveau Malick, il faut d'abord aimer l'ensemble de ses tics formels (certains diront son style) : montage cut à l'intérieur d'une même scène, personnages coupés au niveau de la tête, voix off omniprésente, longueur excessive, grand angle qui déforme, personnages dont on entend la voix alors qu'ils ne parlent pas, légère contre-plongée, soleil avec de petites étoiles, musique envahissante, montage qui mixe des scènes n'ayant aucun rapport entre elles, etc.

    Pour ma part, l'ensemble de ces petits artifices me lassent et m'empêchent d'éprouver une réelle empathie pour les personnages, même s'il faut reconnaître ici une consistance au propos narratif qui avait disparu du récent cinéma malickien.

    Je suis donc resté à l'extérieur de ce looong pensum (presque 3 heures), intéressant d'un point de vue formel, mais un peu gnangnan quant à son contenu, plein de bondieuseries et de bouillie poético-mystique.

    Pour le reste, disons que les paysages et les travaux des champs sont très bien filmés et que l'acteur principal incarne son personnage avec tant de conviction qu'on ne sait pas trop s'il est la victime d'un entêtement maladif ou le vecteur d'une rectitude morale exemplaire. Un comble.
    Hervé L
    Hervé L

    81 abonnés 640 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Un film beau mais lent et long sur un autrichien qui refuse jusqu a la folie de jurer fidélité à Hitler et qui se laissera tuer sans égards pour sa famille au vague prétexte d être martyr de sa foi. Les foutaises de la religion restent dangereuses et cachent mal l œuvre du démon....
    William Dardeau
    William Dardeau

    34 abonnés 176 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Une vie cachèe est un film difficile à analyser et critiquer, mais je suis tout de même étonné du nombre relativement élevé d'avis négatifs qui voudraient dissuader d'aller voir cette oeuvre. Même si je conçois qu'on puisse ne pas entrer dans les différentes thématiques de Malick (Dieu, la foi, la nature, l'homme, le martyr entre autres), il faut vraiment ne pas aimer le cinéma pour ne pas être au moins impressionné par la beauté (et le mot est faible) du film. Mais si on est sensible à ces thématiques, et même prêt à en débattre, alors Une vie cachée devient un film très important, voire essentiel. Une des phrases du film donne le ton: le soleil se lève quand même sur le mal. Depuis La balade sauvage, et surtout Les moissons du ciel, Terence Malick a imposé un style et une façon de filmer immédiatement reconnaissable, et le premier plan d'Une vie cachée sur les montagnes autrichiennes est sa façon de signer l'oeuvre. Mais loin de se répéter, Malick veut aller plus loin que dans ses précédents films. De mon point de vue (mais il y a évidemment d'autres manières d'appréhender le film), le cinéaste veut montrer que l'éblouissement de la nature ne doit pas être confronté au mal (en l'occurence le nazisme): en d'autres termes il ne faut pas poser une question telle que: qui donc a créé de telles merveilles, et en même temps un homme capable des pires noirceurs ? Car pour Terence Mallick, grâce à des hommes tels que le héros du film, qui restent intransigeants face à la barbarie, le monde est vivable, et surtout mérite que l'on y vive. Les agnostiques trouveront certainement à redire sur la conception du monde de Terence Malick, mais c'est bien à cela que l'on reconnaît une oeuvre d'importance: faire discuter. Une vie cachée doit être considéré comme un film indispensable, à méditer longuement.
    Joce2012
    Joce2012

    213 abonnés 595 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ce film est très beau et très intense, un reproche c'est parfois un peu long et mériterait des plans un peu plus courts même si cette longueur intensifie les sentiments à voir !
    traversay1
    traversay1

    3 677 abonnés 4 890 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ceux qui suivent Terrence Malick depuis le début de sa carrière (cela ne nous rajeunit pas) et qui ont été soufflés, notamment, par la beauté des Moissons du ciel, ont pour la plupart autant été autant surpris par son arrêt de réaliser pendant 20 ans que par la succession de films depuis son retour de plus en plus expérimentaux, contemplatifs et surtout "étouffe-chrétiens". Après le très pénible Song to Song, Une vie cachée propose enfin des retrouvailles avec la forme narrative via l'histoire d'un paysan autrichien, objecteur de conscience pendant la deuxième guerre mondiale. C'est vrai qu'il y a des éléments de récit exposés mais, finalement, Malick est bien dans la continuité de ses œuvres précédentes avec une mise en scène à la fois intime et travaillée façon grand angle, son lyrisme panthéiste et une voix off un brin moralisatrice. La durée du film est bien excessive pour une histoire intéressante mais, racontée principalement par son aspect moral et surtout prétexte aux grandes obsessions du cinéaste, en particulier le rapport à Dieu. Il y a de très belles choses dans Une vie cachée, à commencer par la splendeur de la campagne autrichienne, mais aussi le sacrifice de l'épouse du héros et d'autres scènes, isolées, qui consolent un peu d'un maniérisme et formalisme qui agacent quand même un peu quand ils sont aussi systématiques. Le plus étonnant, en définitive, c'est que malgré tous les motifs de regimber, avec un certain manque d'émotion au global, et le côté figé de son acteur principal, l'on sorte d'Une vie cachée plutôt reconnaissant, conscient d'avoir vu un film assez unique et grandiose dans son genre, difficilement comparable à d'autres cinémas. Quoiqu'on puisse penser sur le fond et la forme de ses longs-métrages, Terrence Malick restera sans doute dans l'histoire du 7ème art comme un réalisateur original, sincère et loin de la multitude des faiseurs qui composent le plus gros contingent des metteurs en scène du début du XXe siècle.
    Humphrey D.
    Humphrey D.

    20 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2019
    Un film de Malick est toujours la promesse à venir d'un plaisir visuel doublé d'une interrogation métaphysique qui lui confère les qualités d'un plat gastronomique aux saveurs subtiles et délicates, tenant par là plus de l'art que de la technique. Il peut arriver que la sauce manque de liant (À la merveille) ou de sel (Knight of cups), mais toujours demeure la garantie d'une fête gustative de haute volée. Dans Une vie cachée, ce plaisir est immense.
    Malick est un cinéaste des hauteurs, et il le prouve en enracinant son film dans les montagnes autrichiennes dont les sommets touchent le ciel de leurs dentelles effilées. Hauteur de vue, hauteur d'âme, chez Malick tout devient Majuscule. L'anecdotique, l'événement contingent s'évaporent pour se transcender dans l'universel. Chaque geste, chaque attitude, chaque action perdent leur banalité pour se métamorphoser en topique, soit une catégorie générale .Ce glissement permanent de l'image vers le concept est certainement la marque de fabrique du cinéma malickien. Ainsi, le fauchage des blés devient l'idée du Travail, la main qui enfouit une pomme de terre celle de la Terre Nourricière, une paysanne qui se baisse et aide à ramasser les légumes d'une brouette renversée celle de la Solidarité, la vocifération d'un soldat nazi celle de l' Humiliation, et ainsi de suite. Tout le cinéma de Malick est conceptuel alors même qu'il met en jeu une physique des corps. Ici, les corps sont malmenés, qui par la dureté du travail de la terre, qui par les sévices imposés par les soldats allemands. Mais le chant de la terre les annoblit en leur restituant une grandeur et une solennité qui entre en résonance avec celles des paysages.
    Parler de lyrisme est presque un lieu commun chez Malick, tant ses films ressemblent à des symphonies : images magnifiées par l'usage du grand angle, fusion de la Nature et de l'Homme dans un panthéisme généralisé, rapprochement permanent de l'idée de Beauté avec celle de Dieu. Car Malick est un croyant et la Foi un de ses thèmes récurrents. On suit ici le chemin christique de Frantz Jägerstätter, objecteur de conscience sous le nazisme, refusant de pactiser avec le Mal, emblématique agneau de Dieu dans sa volonté sacrificielle d'endosser les péchés du monde. Le mal court, disait Audiberti, et dans le film, il vient percuter l'ordre immuable et quiet de la vie pastorale du village de Sankt Radegund. Sur les prés verts et blonds de ces montagnes autrichiennes viennent s'amonceler les nuages menaçants du nazisme à la façon de métastases venant troubler le corps social et sa relative harmonie. Un refus de souscrire à une quête pour l'armée allemande nazie va initier l'hostilité des villageois à l'égard de la famille de Frantz, alors que lui seul a la vision de la nocivité et de la noirceur du danger à venir. Sa conscience intérieure va le mettre en position de rebelle et l'exclusion sociale va le frapper très vite. Mais à l'inverse d'un Christ prêchant et prosélyte, Frantz va se réfugier dans un mutisme obstiné qui va finir par le mener à sa perte. A-t-il valeur de modèle ? L'entêtement à défendre ses croyances peut-il se faire au détriment de son entourage ? La foi sauve-t-elle ? Où se trouve la ligne de partage entre égoïsme et honnêteté intellectuelle ? La spiritualité est-elle nécessairement synonyme de sacrifice ? Le film pose toutes ces questions sans jamais y répondre. Il suit le chemin de croix de Frantz, jusqu'à sa "crucifixion" finale dans ce Golgotha figuré par cette porte s'ouvrant sur le noir absolu d'une pièce où se dresse la guillotine. Dans cet itinéraire vers la mort, l'on trouve de la sorte une multitude d 'analogies bibliques : ainsi Bruno Ganz dans le rôle de Ponce Pilate, procureur en proie au doute mais condamnant à mort par une sentence lapidaire et sans appel; symbolique des 2 larrons dans cette cour de la décapitation où l'un d'eux posant sa tête contre l'épaule de Frantz et réclamant sa part de compassion et un reste d'humanité semble dire "Souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume" ; distribution du pain aux pauvres dans une scène de la Cène où Frantz donne son quignon à un prisonnier compulsivement affamé ; amour indéfectible de Fani, la femme de Frantz, sorte de Marie-Madeleine à l'engagement total et sincère.
    C'est néanmoins dans l'énoncé des convictions de Frantz que le film joue sa partie la plus faible. Le mutisme qu'il oppose à tous ceux qui veulent lui faire abjurer sa foi et sa détermination , que ce soient les villageois qui cherchent à le convaincre de la traîtrise de sa position ou bien les geôliers nazis qui le torturent en voulant lui arracher sa part d'humanité, échappe à tout argumentaire et empêche le spectateur de s'identifier totalement à ce personnage qui jamais n'oppose une raison critique à ses détracteurs. Seule entend-on une voix off figurant sa conscience intime à s'interroger sur les malheurs du monde («Qu’est-il arrivé à notre pays ? À cette terre que nous aimons ? »). Cette désolidarisation de la parole et de l'action, qui est une des signatures de Malick, est à la fois une force et une faiblesse. Force car elle débouche sur la métaphysique, faiblesse car elle gelatifie l'action et les personnages en les désincarnant.
    Reste la flamboyance de son cinéma qui, au-delà de ses tics bien connus (utilisation d'objectifs anamorphiques et grands angulaires, amour de la contre-plongée, voix off plutôt que dialogues), est un ravissement visuel de tous les instants. Chaque plan est un tableau, et on avance dans le film comme on déambulerait dans une galerie de peintures, à reconnaître l'angélus de Millet, ou les compositions pastorales de Claude Lorrain ou de Nicolas Poussin, quand ce n'est pas le clair-obscur de la peinture hollandaise (voir le très beau plan de la veillée funèbre éclairée par une bougie). En somme, du très grand art où le cinéma regagne ses lettres de noblesse par la magnificence de ses images et le rapt qu'il fait du spectateur en lui proposant un imaginaire que lui seul peut susciter. Que Malick en soit remercié.
    tarmokeuf
    tarmokeuf

    9 abonnés 106 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Une fois de plus, mon réalisateur fétiche ne m'a pas déçu. La fluidité de la caméra, la lumière, la musique, le rythme, le montage, le casting impeccable, et l'incontournable voix off, bref on retrouve dans cette "vie cachée" tout ce qui fait le style Malick que j'aime tant et que ses détracteurs lui reprocheront en criant aux gimmicks... Comme dans l'ensemble de ses oeuvres précédentes, cette histoire sert de support à la quête toute malickienne de la vérité existentielle de l'homme et de son rapport à la nature, à la Création (au sens spirituel du terme plus qu'au sens religieux). Moi qui suis athée, cette spiritualité assumée, m'a une fois encore transporté (élevé ?) au point que quand les lumières se sont rallumées à l'issue des trois heures de projection, il m'a fallu un long moment pour retrouver mes esprits tant l'émotion ressentie était forte. Malick, par son talent (son génie, à mes yeux), a ce pouvoir de vous amener à l'essentiel, à l'essence même. Irrésistiblement, en séparant le bon grain de l'ivraie, en extrayant la musique de la vie du bruit de fond du monde (par exemple en ne traduisant pas les phrases en allemand dont le ton suffit bien à nous faire comprendre ce dont il s'agit), par petites touches sur les leviers de nos sens et de notre inconscient plutôt qu'en faisant appel à notre intellect, il nous guide, nous amène à l'émotion, au questionnement. Encore faut-il que le spectateur accepte pour un instant de laisser ses certitudes au vestiaire... De toute évidence, au vu de l'état du monde et à la lecture de certaines critiques, ça n'est pas à la portée de tous. Dommage.
    poet75
    poet75

    278 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2019
    Ils ne furent pas nombreux, ceux qui, en Allemagne comme en Autriche, eurent l’audace de dire non, d’une manière ou d’une autre, à Hitler et au nazisme. Oser faire cela, il est vrai, c’était, fatalement, le payer de sa vie. En Allemagne, du côté de Munich, il y eut Sophie Scholl, son frère Hans et leurs autres compagnons de la Rose Blanche. En Autriche, il y eut le parcours exemplaire de Franz Jägerstätter, un paysan du village de Sainte Radegonde qui fut guillotiné le 9 août 1943 à la prison de Brandebourg à Berlin. Il faut observer que celles et ceux qui s’opposèrent à Hitler le firent toutes et tous au nom de leur foi chrétienne. Franz Jägerstätter a d’ailleurs été béatifié le 26 octobre 2007 à la cathédrale de Linz.
    C’est donc de cet homme-là que Terrence Malick a choisi de raviver le souvenir. Après sa série de films plus ou moins expérimentaux conçus à la manière de poèmes, de méditations, voire de prières, films sublimes mais qui pouvaient déconcerter certains spectateurs, le réalisateur de The Tree of Life renoue avec une narration beaucoup plus classique, mais sans se délester pour autant de son style, reconnaissable entre tous. On retrouve donc, dans Une Vie cachée, le goût du cinéaste pour les voix off, sa propension à filmer la nature, ainsi que de nombreux gros plans sur les acteurs qui semblent presque filmés avec une focale trop courte (mais c’est, évidemment, un effet voulu), etc.
    Le début est on ne peut plus caractéristique. Comme dans la plupart de ses films, Malick commence par filmer la nature d’une manière quasi édénique. En quelques plans, nous sommes conviés à goûter la vie à la montagne du fermier Franz Jägerstätter (August Diehl), de sa femme Fani (Valerie Pachner) et, bientôt, de leurs trois filles, ainsi que de quelques autres personnages, dont la belle-sœur de Franz qui est venue vivre avec eux. La vie de paysan est rude, certes, mais, au départ, tout est filmé dans une sorte d’innocence première, comme s’il fallait ainsi souligner d’autant plus, par contraste, l’irruption du mal absolu, qui ne tarde pas à paraître.
    Nous en avions déjà été averti, il est vrai, dès l’ouverture, par des films d’archives montrant avec quel empressement de nombreux Autrichiens accueillirent l’hitlérisme. On pouvait espérer, néanmoins, que le petit village de Sainte Radegonde resterait préservé de cette folie. Il n’en est rien. Personne ne peut se targuer ni d’être neutre ni d’être indifférent. Franz, lui, ne tergiverse pas. Il fait d’abord ses classes, puis, de retour chez lui, ne peut ignorer qu’on va exiger de lui, comme de tout homme en âge de combattre, un serment d’allégeance au Führer. Mais, au nom de sa foi comme de son humanité, il lui est impossible de se résoudre à un tel engagement. Dans son village, il se fait aussitôt remarquer et ostraciser. Quand des nazis passent par là pour réclamer à chaque habitant sa contribution à l’effort de guerre, il est le seul à refuser.
    Dès lors, sa détermination est telle que rien ne peut l’en détourner. C’est bien l’itinéraire d’un martyr que filme Malick, il n’y a pas de doute, mais sans ostentation, sans prêchi-prêcha, comme certains se plaisent à le reprocher au cinéaste, à la sortie de chacun de ses films, de manière totalement fallacieuse. Au contraire, il y a dans cet homme, tel qu’il est ici filmé, une sorte d’évidence ou de simplicité, comme si la sainteté allait de soi. Pour le détourner de sa voie, certains reprochent à Jägerstätter son orgueil, alors que c’est son humilité qui, au contraire, nous interpelle. Plusieurs interlocuteurs interviennent pour le faire changer d’avis, y compris l’évêque du lieu qui se réfère à saint Paul affirmant qu’il faut se soumettre aux autorités. Le maire du village, lui, affirme à Franz qu’il est plus coupable que les ennemis du pays, puisqu’il agit comme un traître. Plus tard, quand il est emprisonné, il est sournoisement invité à signer son acte d’allégeance à Hitler, quel que soit son sentiment profond, même si celui-ci est contraire à la déclaration écrite. On ne lui demande pas d’aimer le Führer, mais de parapher un document. « Ce n’est qu’un bout de papier, lui dit-on. En ton for interne, tu peux penser ce que tu veux. »
    Mais Jägerstätter ne peut se résoudre à cette hypocrisie. Terrence Malick film l’obstination d’un homme dont la droiture morale est sans faille et qu’aucun raisonnement, aucune intimidation, aucune torture ne font plier. En cet homme, tout comme d’ailleurs en sa femme Fani, il y a une bonté qui semble naturelle et qui se traduit, entre autres, par une absence de jugement d’autrui. Même ses bourreaux, Franz ne les juge pas. Le cinéaste réussit le tour de force de filmer la bonté sans maniérisme, sans mièvrerie d’aucune sorte. Car la force de l’accusé, ce qui lui permet de tenir jusqu’au bout, jusqu’au don de sa vie, cette force, il la puise dans sa foi chrétienne, sans nul doute, mais aussi, c’est évident, dans l’amour qui l’unit à Fani. Leurs échanges épistolaires, superbes, interviennent en voix off, à plusieurs reprises au cours du film. Malgré les épreuves, le mépris des villageois, la séparation du couple, la dureté des travaux de ferme en l’absence de Franz, malgré l’issue fatale qui se profile, l’amour ne faiblit pas. Ceux qui affirment à Franz que son sacrifice ne sert à rien, qu’il ne modifiera en rien le cours de l’histoire, qu’il ne sera connu de personne, qu’il n’aura d’autre effet que de faire du mal à ses proches, ceux-là ne savent rien de la grandeur de l’amour. « L’amour excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. L’amour ne passera jamais… », écrit saint Paul dans sa Première Lettre aux Corinthiens (13, 7-8). Les bourreaux de Jägerstätter avaient tout prévu, sauf cela. Une phrase de George Eliot, tirée du roman Middlemarch, phrase projetée sur l’écran à la fin du film, le dit aussi à sa manière et l’éclaire de sa douce lumière : « Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée ».
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