Le film de Terrence Malick montre un jeune couple de paysans, amoureux, heureux. La vie est dure, le travail très physique, mais la nature est belle, en harmonie avec leur bonheur. Les paysages sont magnifiques, la vie dans ce village est paisible. Toutefois, le ciel n'est pas souvent bleu - l'Autriche est annexée, la guerre est là et les jeunes autrichiens sont enrôlés dans l'armée hitlérienne. Franz se sent étranger dans son propre pays qui semble enthousiaste à l'idée de participer à la guerre. Il s'y refuse parce que très croyant, et jusqu'au bout, il restera intègre.
Ce film est comme une prière de trois heures. Franz prie, pense, souffre. La voix-off, parfois obsédante et presque lancinante est omniprésente pour nous faire partager les réflexions philosophiques et métaphysiques d'un homme très croyant. Son entourage, même des militaires, essaie de le persuader de renoncer à sa résistance pour sauver sa tête. On a beau lui expliquer que son sacrifice ne changera pas le cours de l'histoire, que personne ne le saura. Il ne fléchira pas, il reste fidèle à ses convictions, et pourtant, même l'église ne le soutient pas, lui, le catholique. Seule sa femme le comprend.
Son obstination peut révolter. A-t-on le droit de laisser femme et enfants pour rester fidèle à ses convictions, même si elles restent sans conséquence politique ? La résistance et le sacrifice doivent avoir un sens, mais ici il s'agit seulement d'un cas de conscience, certes héroïque, mais qui punit aussi sa famille. De longues séquences mettent en scène les difficultés de sa jeune femme à travailler la terre, isolée et presque bannie du village, elle est seule à nourrir ses enfants. A la fin du film une citation de George Eliot tente de justifier ce martyre : "Si les choses ne vont pas aussi mal pour vous et pour moi qu'elles eussent pu aller, remercions-en pour une grande part ceux qui vécurent fidèlement une vie cachée (...)". Malick rend hommage à cet homme "caché" qui sera béatifié en octobre 2007. Lui-même doit être très croyant tant il est dans le personnage de Franz et son film traduit sa foi.
Comme souvent chez Malick, la voix-off suit tout le film. Les images et les travellings des paysages sont grandioses, même si elles sont répétitives, et les plans détaillés d'une grande finesse. Ce sont autant de tableaux de maitres.
Les acteurs sont parfaits, August Diehl et Valerie Pachner transcendent cet amour absolu, mais il faudrait tous les citer, sans oublier Bruno Ganz dont ce fût une des dernières apparitions. Le film a été tourné en partie en anglais, même les acteurs allemands ... ce qui est un peu frustrant pour nous et dommage pour le contexte historique.
Le film est long, très long comme dit http://www.surlarouteducinema.com. C'est une fresque d'une grande beauté, mais la longueur peut gâcher ce plaisir esthétique.
Il faut un public averti pour apprécier sa longueur et sa méditation chrétienne que l'on peut considérer comme lourdement insistante...
http://www.matchingpoints.fr/2019/12/16/cinema-une-vie-cachee/