Qu'en penser ? Les femmes se laissent mener par leur sentimentalité et les hommes aveuglés sont des roues... de secours en guise d'être des wonder wheels !!! Est-ce donc là, le développement du titre, l'annonce ? Est-ce le chef d'oeuvre de Woody Allen pour aider ses concitoyens américains, qu'il présente, en détresse ? La réalisation, le scénario, le jeu des acteurs me font d'abord penser aux romans photos des années 50-60 qui cherchaient à distraire des oisifs pas assez motivés pour lire un vrai livre... Ma première réaction plutôt émotive a été sévère : un film nul qui ennuie, sans profondeur, sans message.
Puis après réflexion quelques heures suite à ma critique, je réalise la dimension symbolique et métaphorique de ce film. Cette merveilleuse roue qui donne le titre au film n'est pas un hasard. Pour qui est-elle merveilleuse ? C'est la conclusion mais il faut développer avant de formuler. D'abord Humpty, ce père qui vient d'apprendre que sa fille a été kidnappée qui pourrait être supprimée, qui rentre effondré et dit: la police ne fera rien... C'est là un abandon de l'institution aux lois du pistolet, une loi individuelle, à chacun sa justice. Est-ce une merveilleuse roue dans le pays qui se veut le modèle de démocratie ? D'ailleurs dans cet optique, l'entraînement au tir est plus important que l'éducation, d'où me semble-t-il le stand de tir forain, symbole de l'essentiel.
On est dans la seconde moitié des années 50 puisqu'il est question du Vietnam alors que l'Amérique ne peut pas perdre d'abord pour son prestige et l'image de sa réussite généralisée. Or les gens sont obligés d'accepter des petits boulots à peine suffisants pour se nourrir et se loger de façon précaire. Est-ce là aussi une merveilleuse roue ? Pour qui la merveilleuse roue ? A l'évidence pas pour les petites gens qui font tourner la merveilleuse roue mais qui n'en profitent pas, bien au contraire, ils s'y épuisent. Que sont les palliatifs ? Quelques petits loisirs dont les jeux, l'alcool, le sexe et un peu de plage au soleil... La merveilleuse roue, pour ceux qui touchent les dividendes du succès, est à préserver, il ne faut rien changer. Or cet enfant malheureux qui préfère le cinéma à l'école, qui met le feu au buste d'une femme à l'endroit des infidélités de Ginny, sa mère avec Mickey, à la poubelle de la psychologue, n'est-ce pas là ce que pense le Woody Allen ? Une nouvelle métaphore pour dire à ses concitoyens : Il faut détruire la cause des malheurs pour mieux reconstruire.
Enfin pourquoi ce film maintenant qui traite d'une période révolue ? Pourquoi en rester au passé, pourquoi pas un message à l'Amérique d'aujoudhui, toujours première puissance mondiale, mais celle du chacun pour soi ? Celle du président qui préfère conserver le principe du self-défense avec son arme individuelle. Une liberté qui conduit à tuer bien des jeunes gens innocents. Cette Amérique d'aujourd'hui est-elle si différente au regard du bonheur des petites gens ? Le système reste le même et plus que jamais défendu. Or Woody Allen par cette métaphore du feu suggère-t-il : il est temps d'y mettre le feu et de reconstruire ? Je conviens que ce n'est pas évident mais ce film mérite réflexion...et une meilleure appréciation que la déception du départ.