Désolé si ça en choque quelques-uns, mais moi ça fait déjà quelques années que je me désintéresse totalement de Woody Allen. A mes yeux, un peu à l’image d’un Ridley Scott, d’un Mickael Haneke ou d’un Clint Eastwood, ce gars est devenu une sorte de vieux papy qui fait des films par habitude mais sans vraiment plus se soucier de ce qu’il y met dedans ni de comment le public va les recevoir. D’ailleurs, en toute honnêteté, s’il n’y avait pas eu ce casting de rêve, je ne serais sûrement pas venu voir ce « Wonder Wheel ».Et si d'ailleurs je suis allé voir ce film, c'est seulement armé de cette seule joie de voir jouer mes trois petits chouchous : Kate Winslet, Justin Timberlake et Juno Temple. Mais « Bam ! » Finalement le couperet est tombé. La réalité de ce qu’est devenu Woody Allen m’a percuté de plein fouet, et cela bien violemment. La seule première scène a posé l’atmosphère. On commence dans une pièce aux allures de décor de théâtre. Deux actrices déambulent dedans tout en échangeant des phrases cousues de fils blancs. Chaque phrase n’est là que pour donner une information sur la situation ou sur ce que ressent le personnage à l’instant t. C’est purement fonctionnel et artificiel. Puis surgit un troisième larron d’entre le fond vert et la porte en carton. On s’attarde sur lui longuement pendant qu’il fait la pause, comme si le film attendait les applaudissements du public. Et puis de nouvelles tirades fonctionnelles sont lancées. « Ah ma fille ! Comment as-tu pu revenir ici, toi qui es partie il y a cinq ans pour ce jeune gangster ? [Insérer ici une expression faciale qui suggère une colère factice.] – Mais papa. Il faut que tu comprennes. Je sais trop de choses. J’en ai trop dit à la police. Ma vie est menacée. Je n’ai nulle part où aller… [Insérer ici une expression faciale qui suggère une peur factice.] – Moi je n’ai rien à voir avec ça. Où étais-tu quand ta mère est morte il y a cinq ans ? [Insérer ici une expression faciale qui suggère une aigreur factice.]– J’étais amoureuse papa. Je ne me suis jamais reconnu dans les hommes que tu me proposais. Je voulais tellement plus. [Insérer ici une expression faciale qui suggère un tristesse factice.] etc, etc… Cette scène dure des plombes. Elle sonne faux du début jusqu’à la fin. Les plans s’étirent en longueur à l’infini, comme si au fond on s’en foutait du montage. Et le pire c’est qu’on sent que c’est exactement ce que cherche à faire Woody Allen ! Ce film, comme son précédent « Café society », ne semble répondre qu’à un seul désir : celui de reconstituer l’atmosphère désuète des bons vieux films d’antan. Intrigue ? Propos ? Expérimentation formelle et narrative ? Tout ça on s’en fout. Si l’ami Woody a réuni tout ce petit monde, c’est juste pour jouer à la dinette, sauf qu’ici, la fausse cuisinière a été remplacée par par un set de cinéma, et que les aliments en plastiques ont été remplacés quant à eux par acteurs eux-mêmes ! our moi, c’est juste vain. OK, sur dix minutes c’est fun d’observer de jolis décors et voir l’ami Woody jouer avec les loupiottes de la lumière. Mais bon, là aussi, ça devient vraiment lourd à la longue. Une fois ça va, mais trois ou quatre fois en seulement vingt minutes, moi ça m’a donné l’impression d’être avec un vieux papy un peu lourd qui donne des coups de coudes réguliers en répétant sans cesse « Eh petit ! Eh t’as vu ? Lors des moments de confidence, je tourne le petit bitoniau qui fait de la lumière rouge pour qu’on ait l’impression de retrouver les vieux codes narratifs d’avant ! C’est marrant hein ? Hein petit ! » Entre ça, les plans interminables qui filment du blabla comme si on était au théâtre, et toutes les petites notes désuètes forcées afin de se donner un genre, moi j’ai vite saturé. Et puis en fin de compte, même au-delà de tout ça, j’ai malgré tout l’impression qu’il n’y a rien derrière. Je trouve ça juste tellement triste ! Tellement triste de réduire le rôle de Kate Winslet a celui d’une nana qui passe une phrase sur deux à dire textuellement ce qu’elle ressent à l’instant t et tout ça parce que visiblement on n’avait pas envisagé un seul instant qu’elle pouvait avoir des talents d’actrice ! Tellement triste aussi de voir Justin Timberlake réduit au rôle du gars qui fait des gros sourires exagérés dans sa petite combinaison moule-bite vintage ! Tellement triste de voir Juno Temple se réduire au rôle de la pleureuse ! Moi, un seul mot me vient quand je cherche à résumer ce film. Ce mot c’est « gâchis ». Gâchis de talents. Et surtout gâchis de mon temps. Personnellement, j’espère que l’ami Woody ne m’y reprendra pas… Bon alors après, c'est sûr que ce n’est que mon point de vue. Mais bon, si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)