Les films des groupes Medvedkines de Sochaux et de Besançon peuvent être considérés comme un ensemble, aussi je vais parler ici de ces 14 films comme d'un seul de 5h30 environ.
Réalisé(s) entre 1967 et 1974, il(s) nous plonge(nt) au cœur du monde ouvrier, au sein des luttes pour obtenir un meilleur salaire, des conditions de travail décentes, pour obtenir surtout une existence propre. Nous sommes au milieu des espoirs déçus et des victoires, de la révolte et du désespoir. Nous le sommes d'autant plus que ce sont les ouvriers eux-mêmes qui ont créés ces films, en s'emparant du langage cinématographique pour témoigner et combattre, ils ont accompli une part de leur révolution.
De fait les films sont puissants et novateurs, nouveaux dans le meilleur sens du terme, on pense ainsi au segment « Lettre à mon Pol Cèbe » qui ne ressemble à rien de connu, qui est d'une liberté absolue. Les films sont parfois naïfs et touchants (comme l'est le magnifique traîneau-échelle de J.-P. Thiébaud), parfois d'une dureté sans égale, celle du patronat, celle de l'usine. Le film qui héberge cette critique en est sans doute la preuve la plus éclatante avec celui qui le précède (Week-end à Sochaux), les hommes et les femmes sont littéralement détruits, cet époux qui ne peut plus toucher sa femme tellement il a mal, cette salariée qui ne peut plus parler.
Au-delà de ces hommes et femmes qui d'une manière ou d'une autre ont collaborés à ce projet, c'est une classe toute entière qui existe dans ces films, qui pour la première a la parole. Ne serait-ce que pour ça les films des deux groupes Medvedkines sont essentiels.