Valak en Valachie
Je dois le confesser tout de go, je n’ai jamais particulièrement été adepte de ce genre de films. Oh, j’ai bien dû frissonner en regardant Evil Dead en VHS quand j’étais adolescent, l’une ou l’autre Griffe de la nuit et sans doute un Vendredi 13 et Amityville, toujours dans la même période, mais mon attrait pour le cinéma d’horreur s’arrête il y a trente ans. Quoique… Maintenant que j’y pense, j’ai dévoré l’humour décalé et les scénarios déjantés de la série American Horror Story. Et voilà-t-y pas que l’actrice principale de cette Nonne a également éclaboussé de sa fausse naïveté la série susnommée.
Cette Nonne, mes élèves m’en parlent depuis quelques temps et, puisque j’organise un escape school sur un thème proche, je me suis dit : « pourquoi pas le regarder enfin ? »
Je vais faire l’impasse sur les clichés scénaristiques, visuels et sonores qui parsèment ce film : on n’est pas dans du cinéma d’art et d’essai. L’interprétation ? A l’exception de Taissa Farmiga et Jonas Bloquet (série 1899), c’est figé, stéréotypé, presque faux. Pas nécessairement que les acteur·trices soient mauvais·es mais les dialogues sont calamiteux de banalité, cherchant par exemple au début la punchline sans cesse et tombant à plat. Notons malgré tout un certain renouveau dans la prestance des personnages féminins (dont l’héroïne), bien éloignés des archétypes gnangnan et victimaires et le fait que l’histoire se déroule dans un couvent de femmes. Les hommes sont dépeints comme un peu concons et ça n’est pas plus mal.
Hélas, on pointera aussi quelques fautes de goût assez flagrantes, comme ces Roumains du fin fond de la Roumanie qui s’expriment en un anglais impeccable face à un francophone alors que le français était la deuxième langue du pays, et des transitions entre réalité et fantasme induit plutôt mal amenées (la double porte « deliveries », notamment).
Au niveau des décors, on notera un clin d’oeil, volontaire ou non, au Dracula de Coppola (notamment le chemin qui mène au monastère) et quelques vues intéressantes ponctuant une ambiance bien campée, ce qui est quand même primordial dans ce genre d’exercice.
Sans grande originalité donc (on n’est pas dans un film de Guillermo del Toro), reconnaissons à Corin Hardy un certain talent pour susciter un climat propre à cette histoire qui tient la route pour peu qu’on se laisse aller, avec un final assez bien foutu
malgré le passage obligé de la « non fin
». On est plus dans un film à se faire peur que dans un film qui fait peur.
Je pourrai dire à mes élèves que c’est beaucoup moins mauvais que ce que je n’imaginais.