Qu'on se le dise une bonne fois pour toutes : TOUT le monde a droit a une seconde chance. Oui, même Eric Judor. J'avais pourtant détesté passionnément « La Tour 2 contrôle infernale », et c'est en grande partie pour ça que je traînais des pieds pour ce « Problemos » dont le sujet me branchait pourtant bien. Ma note est sans doute un peu généreuse, mais j'avais vraiment envie de mettre en valeur cette comédie française tellement au-dessus de ses contemporaines à tous les niveaux. D'abord, il y a un vrai propos, un regard critique mais jamais ridicule sur les zadistes, dont l'idéal est souvent tourné en dérision sans que les citadins en sortent grandis. Provocateur sans jamais être gratuit, Eric va très, très loin dans ses propos comme sa démonstration, à travers un monde déconcertant, déroutant, souvent très bon enfant, ce qui ne fait que renforcer le malaise autour du « drame » qui est en train de se jouer devant nous.
Car on parle ni plus ni moins d'une communauté qui explose par ses divergences, ses idéaux contradictoires devenus évidents face à la pandémie qui ravage le pays (tiens, tiens...), amenant le scénario vers une évolution assez incroyable, souvent totalement imprévisible. La présence à l'écriture (et devant la caméra, au passage) de Blanche Gardin ne peut, à ce titre, être un hasard dans la réussite du film : elle y apporte son mordant, sa méchanceté, toujours avec cet air de ne quasiment pas y toucher rendant le résultat encore plus savoureux. Pourtant, j'avoue qu'au départ, je me demandais un peu où l'œuvre voulait en venir, ce qu'elle essayait de démontrer, avant que le récit ne trouve son rythme, son ton, son identité jusqu'à un final « apocalyptique » aussi fou que réjouissant.
Enfin, dernière remarque et pas des moindres : on rit. Des situations, des répliques, du jeu des comédiens, des idées imaginées, du décalage grandissant entre l'insouciance originelle et le cauchemar s'immisçant lentement mais sûrement... Après, je comprends qu'on n'adhère pas, et j'ai parfois l'impression qu'on est tellement shooté aux comédies « moyennes-médiocres » que dès qu'on sort un peu (beaucoup) des standards habituels, pas mal de spectateurs ne suivent pas. Il serait pourtant vraiment dommage de passer à côté de cet OVNI cinématographique, une véritable bouffée d'air frais dans un genre qui en avait désespérément besoin... Eric, tout est pardonné (oui, même « La Tour 2 contrôle infernale »!).