Un petit film canadien de SF plutôt roublard sorti de nulle part, ça vous dit ? Difficile de parler des prémices de ce deuxième long-métrage de Caroline Labrèche et Steeve Léonard sans en vendre un morceau trop long de la mèche mais, en gros, sachez juste qu'il parle de la quête de deux êtres, un homme et une femme amnésiques, liés par une sorte d'étrange malédiction... et on reste vague, rassurez-vous...
La force du film est bien entendu de s'en servir comme d'une sorte de métaphore extrême de la dépendance que peut engendrer une relation (amoureuse ou non). Tout concourt à cela d'ailleurs : que cela soit le lien presque innocent qui unit ces deux personnages par leurs seules bribes de souvenirs ou ce que celles-ci leur laissent petit à petit entrevoir de leur passé en commun. De manière péremptoire, ceux qui cherchent à entraver ce qui relie ces deux êtres est promis à un sort funeste, même lorsqu'un tiers plus disposé à le comprendre tentera de les aider en cours de route, il n'aura pas d'autres choix que celui d'y renoncer, incapable de pouvoir endiguer cette chose qui le dépasse (et qu'il n'avait sans doute jamais connu lui-même auparavant dans sa propre relation avec un des protagonistes).
Mais on vous a prévenu, "Radius" est roublard et, au fur et à mesure, que tout tend à consolider ce discours d'"inséparables" aussi bien au sens propre que figuré, la dernière partie nous lâche une petite bombe en pleine figure en allant puiser dans un autre registre cinématographique qui remet tout en perspective. Et surtout de manière très logique malgré le contexte irrationnel de cette histoire ! Tout était là, sous nos yeux depuis le début, de manière exacerbée et fantastique évidemment mais ce qui définissait la véritable nature du lien entre ces deux personnages pouvait être perceptible dès les premières minutes. En ce sens, "Radius" représente un petit tour de force scénaristique très habile par sa capacité à nous avoir baladé comme des gentils amnésiques sur les multiples sens insoupçonnés à donner à la relation en son coeur.
Si la narration rusée a donc su ménager ses révélations, la mise en scène se sera aussi montrée à la hauteur de cet étrange pouvoir -et ce, malgré un budget que l'on restreint- pour nous faire ressentir la puissance de quelques pas aussi bien le temps de passages plus intimistes que ceux mettant nos héros dans des situations inextricables.
Petit point noir au tableau à signaler : l'interprétation, il manque clairement cet indispensable supplément d'âme au jeu du couple Diego Klattenhoff/Charlotte Sullivan pour permettre à "Radius" de faire un carton plein sur le terrain de l'émotion. Rien de bien méchant néanmoins, la qualité de ce qui les entoure permet d'y pallier et ce petit film de SF bien plus malin que la moyenne donne très envie de savoir ce que le duo Caroline Labrèche/Steeve Léonard a dans le ventre pour l'avenir de leur filmographie...