Baby Phone est adapté du court métrage du même nom qu'Olivier Casas avait réalisé en 2014. Il voulait faire un film autour de la thématique de l’amitié qui serait mise à rude épreuve après des révélations houleuses. C'est dans cette optique qu'il a pensé, en compagnie de sa co-scénariste Audrey Lanj, au baby phone comme élément mettant le feu aux poudres.
Le metteur en scène explique : "Un objet du quotidien anodin, mais qui, s’il est détourné de sa fonction première, peut déclencher des cataclysmes. J’aime l’idée que les objets insignifiants qui nous entourent comme une cuillère ou un briquet, puissent être le point de départ d’une réaction en chaîne."
Sur Baby Phone, Olivier Casas est à la fois réalisateur, scénariste mais aussi producteur. Il a voulu produire son premier long métrage pour montrer aux financiers à quel point il était déterminé mais aussi pour accroître sa marge de liberté artistique.
Baby Phone est un huis-clos comprenant sept personnages. Côté références, Olivier Casas avait en tête la comédie culte Un air de famille de Cédric Klapisch pour son côté sérieux tout en étant drôle. "La comédie est toujours plus forte quand elle est jouée avec gravité et qu’elle assume sa dimension tragique", note le réalisateur.
Anne Marivin avait dans un premier temps été contactée par Olivier Casas pour camper Juliette, la chanteuse. Mais c'est finalement Barbara Schulz qui interprète ce personnage tandis que Marivin incarne celui de Charlotte, la mère en plein burn-out.
Marie-Christine Adam et Pascal Demolon avaient tous les deux joué dans le court métrage Baby Phone. Le second explique pourquoi il a accepté de prendre part au long métrage : "La version courte laissait forcément, quand même, un peu sur sa faim. On avait envie d’en savoir plus sur ces personnages qui trébuchent face aux désastres que provoque, sur les autres et sur eux-mêmes aussi d’ailleurs, la révélation de leurs mensonges."
Michel Jonasz campe Hubert, un "pater familias" assez obsédé par l’harmonie de sa famille qui, selon le comédien, lui ressemble dans la vraie vie. Il précise : "Je n’aime pas les conflits. Quelles que soient les circonstances, séparation ou problèmes financiers ou ennuis divers, j’essaie toujours de maintenir une bonne entente entre les membres de ma tribu. Au début, mon personnage dort beaucoup, ou fait semblant de dormir. Mais c’est une stratégie malicieuse qui va lui laisser le temps de trouver des arguments pour régler les problèmes. Jouer l’homme qui dort a été très... reposant. Fermer les yeux, écouter, ne pas avoir un mot à dire, et donc, de texte à apprendre... Intérieurement, j’avais envie de rire. Cela a duré trois jours. Après, évidemment, je suis entré dans la « ronde »."
Même si la quasi totalité de l'intrigue du film évolue dans le même décor, Olivier Casas a cherché à éviter l’effet "pièce de théâtre". Ainsi, dans le but de donner l'illusion de changements de décors, le metteur en scène a beaucoup découpé les séquences et a aussi réfléchi à la lumière avec son chef-opérateur Sylvain Rodriguez. "Pour ce film, huis-clos ne devait pas induire pauvreté esthétique, ou picturale", précise-t-il.
Olivier Casas a voulu que le personnage de Ben, le pivot de l'histoire joué par Medi Sadoun, soit musicien, parce que dans le milieux musical, la réussite et les paillettes peuvent vite faire de l’ombre à ceux qui sont autour. Le personnage de Simon (Pascal Demolon) est quant à lui manager de chanteur, offrant ainsi un beau face-à-face de comédie : "D’un côté, un artiste naïf qui pense qu’il suffit d’avoir son meilleur pote dans la musique pour y arriver, de l’autre, un type dont le petit pouvoir le rend sourd et aveugle à tout, y compris à ce que vivent ses amis les plus proches", confie le cinéaste.