C'était presque LE film de 2017, celui à ne manquer sous aucun prétexte : on va se calmer un peu. Que « Jusqu'à la garde » ait de belles qualités, c'est une évidence. Xavier Legrand opte pour un réalisme à toute épreuve : dans cette logique, c'est très réussi. On y croit, avec une vraie ambiguïté caractérisant le scénario, si bien que l'on ne sait jamais réellement sur quel pied danser. Le réalisateur joue intelligemment de la suggestion, nous fait constamment douter, changer d'avis, l'ensemble formant un tout des plus cohérents dans ce qu'il montre, ce qu'il cache, jouant habilement du non-dit, de la tension palpable entre les différents personnages, la maîtrise durant la scène finale étant incontestable. Malheureusement, niveau plaisir, on est assez bas. Je ne dis pas : le sujet ne se prêtait pas franchement à la grosse marrade. Mais lorsque je regarde un film, j'aime en sortir avec un ressenti fort, l'impression d'avoir vu du cinéma. Ce n'est qu'à moitié le cas ici. Qu'on ne vienne pas m'écrire que visuellement ou techniquement, « Jusqu'à la garde » soit une réussite. Je le répète : c'est une œuvre solide, intelligente, traitant plutôt habilement son sujet. M'enfin, que certaines scènes sont longues... Bien qu'elles ne soient jamais gratuites et amènent toujours vers quelque chose, je me suis demandé à plusieurs reprises quand allait-on passer à autre chose, m'agaçant de ne pas voir le récit avancer comme je le souhaiterais. Quant à l'interprétation, notamment de Denis Ménochet, elle est de qualité, de là à parler de « magistral » comme tant l'ont fait... Pas mal, donc, Legrand sachant ce qu'il veut et le faisant avec rigueur, notamment à travers un beau travail sur le hors-champ. De là à en faire un incontournable de l'année et un grand film de cinéma, il y a un pas que je ne franchirais clairement pas. À vous de juger.