En 2012, à 75 ans et après une longue traversée du désert, Claude Lelouch a entamé une course contre la montre et s'est mis au défi de réaliser trois films en trois ans. Philippe Azoulay se rappelle : "Et "attention ce seront les meilleurs" me dit-il. Une sorte de mise au propre de ce qu'il appelle ses brouillons antérieurs. C’est un défi de dingue quand on sait la difficulté de faire ne serait-ce qu’un film. Son arrogant défi, me rappelle l’esprit qui animait Cassius Clay/Mohamed Ali, dans le film de Léon Gast When We Were Kings."
Philippe Azoulay voulait faire un film qui associerait course contre la montre et challenge cinématographique. Il confie : "Je lui propose alors de réaliser un film-documentaire. L’objectif serait de capter et d’expliquer les processus de création artistique, si difficile à exposer. L’intention est d’entrer dans la tête du créateur et de le suivre dans sa quête, afin de percer le mystère qui accompagne la naissance d’une idée puis son développement. Il accepte et je me lance, à la seule condition d’avoir carte blanche."
Caméra au poing, Philippe Azoulay avait prévu de suivre Claude Lelouch pendant trois ans. Finalement, il l'a filmé sept années comme il s'en souvient : "Me voilà porté par une force mystérieuse. La sienne autant que la mienne, où tourner pour vivre est une évidence qui nous anime l’un et l’autre. Le voyage et ses surprises sont l’occasion d’un échange unique et d’un partage riche de surprises, d’émotions et vérités, avec aussi celles et ceux qui font l’aventure avec nous."
"Claude Lelouch est une lune dont la face cachée est aussi riche que celle qui éclaire les salles obscures. C’est cette face que Tourner pour vivre explore, avec ses contradictions, ses lacs d'intranquilité et son énergie en fusion. Ce film est une incursion dans un autre espace-temps, où se mêlent les enjeux artistiques, les obstacles économiques inhérents à un art coûteux, mais aussi une quête de vérités et de sens."
Philippe Azoulay a choisi d'associer au film la musique de Francis Lai, compositeur attitré de Claude Lelouch mort en 2018. "Egalement sensible à la musique et conscient de son importance, il m’est apparu évident qu’il fallait en préserver la substantifique moelle tout en y ajoutant une originalité et personnalité propre au film que je faisais. L’alchimie entre C2C et Francis Lai fut immédiate et sincère", précise le metteur en scène, en poursuivant :
"Lorsque j’ai évoqué mon idée à Francis, il fut enthousiaste, puis impatient de découvrir comment le groupe revisitait ces mélodies. Mondialement appréciés, les 4 membres du groupe ont immédiatement manifesté un enthousiasme réciproque, et une adhésion complète."