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gimliamideselfes
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3,5
Publiée le 19 avril 2020
Je dois dire que j'avais pour ce film autant d'espoirs dans ce que j'avais appréhensions. En effet, le synopsis rappelle un peu celui d'un jour avec, un jour sans, qui est l'un de mes films préférés du réalisateur, mais je sais aussi que son style a évolué au fil des années, et je me rends bien compte que je préfère ses films plus récents.
Et en effet ici on a des séquences beaucoup plus courtes que d'habitude, HSS s'attarde moins sur les personnages, on a moins de séquences dans des bars avec de la boisson et on n'a pas encore cette mise en scène toute particulière où au fil de la conversation il va zoomer sur les différents visages des personnages lors d'un plan séquence. Ceci dit, on remarque déjà certains des thèmes qu'il reprendra dans sa carrière avec ces marivaudages, les rencontres, l'alcool, un milieu d'artistes... le tout déjà filmé en plans fixes.
Mais ce qui me gène un peu, c'est que je n'ai pas été ému. D'habitude il arrive à m'émouvoir en réussissant à donner du cœur à ses personnages et là j'ai un peu l'impression qu'il n'essaye même pas. Le personne principal veut juste se taper la vierge, la vierge est vierge et le réalisateur veut se taper la vierge. Alors je caricature, il y a quelques nuances et trucs bizarres avec notamment une scène masturbation incestueuse dont je n'ai ni compris l'utilité, ni ce qu'elle venait faire là tant elle semble arriver là comme un cheveu sur la soupe.
Et je pense que la narration a empêché ces personnages d'être plus développés. Disons que dans ses autres films ses longues séquences de dialogues dans des bars permettent aux personnages de passer du rire aux larmes, de dire ce qu'ils pensent sur pas mal de sujets et là, finalement ils ne disent pas grand chose. Tout est trop court. On change sans arrêt de lieu, de temporalité, de chapitre (le film est chapitré) et on ne se pose jamais réellement avec les personnages. Comme quoi l'équilibre merveilleux qu'il a réussi à trouver dans ses films suivants ne va pas de soi.
Cependant le film n'est pas raté, il y a malgré tout, tout comme dans Un jour avec, un jour sans, un jeu avec le spectateur sur ce qu'il regarde. En effet nous allons deux fois la même histoire et il semblerait qu'on la voit une fois du point de vue du garçon et une autre fois du point de vue de la fille... Sauf que ce n'est pas exactement ça, on voit bien qu'il y a des petites variations qui entraînent de grosses conséquences (comme dans l'autre film mentionné précédemment). Et j'aime ce côté ludique où il faut réfléchir aux conséquences de ces changements, ce que ça dit et puis j'aime bien ces échos, ça a un côté poétique.
Néanmoins je trouve quand même Un jour avec, un jour sans beaucoup plus abouti que ça soit dans le propos, la mise en scène ou même l'écriture des personnages et la narration. Ici tout ça semble plus poussif, plus mécanique... et il y a un côté assez lugubre que je ne connaissais pas à son cinéma (avec des tentatives de viol), ce qui fait qu'en tant que spectateur, je m'identifie moins et je reste plus extérieur à cette histoire qui ne me semble pas être une très belle histoire d'amour.
Après je ne suis pas mécontent de l'avoir, ça permet d'apprécier l'évolution de HSS, mais individuellement le film ne m'a pas pleinement convaincu et si j'avais commencé par celui-ci je n'aurais peut-être pas eu le même coup de cœur pour son cinéma.
Hong Sang-soo re-explore les méandres amoureux qu'il affectionne trop à travers à récit qui interroge le souvenir et ses altérités. Ainsi, deux versions d'une même histoire sont données de façon successive, un peu comme dans Le pouvoir de la province de Kangowon, sauf qu'ici ces deux versions ne correspondent pas. D'abord le point de vue de l'homme, sa frustration mais aussi son admiration face à la femme et sa virginité qui sont ensembles synonymes de pureté. Mais la deuxième version désacralise cette pureté et fait de la virginité non pas une qualité mais un handicap et une honte. Hong confronte alors deux visions et met l'homme face à sa naïveté, tout en construisant deux rapports distincts face à la virginité, qu'il détruit dans un acte final de défloraison.
Troisième film de Hong Sang-Soo, La vierge mise à nu par ses prétendants est la première manifestation dans la filmographie du coréen de sa propension aux exercices de distorsion de la réalité.
Le film est, comme souvent chez HSS, découpé en deux parties distinctes.
La première raconte d'une façon assez inhabituelle pour lui une histoire d'amour simple et partagée, presque idéale, découpée en sept tableaux. La seconde reprend la même histoire, tableau par tableau, en montrant quelques scènes complémentaires à chaque fois. Mais contrairement à un effet Rashomon "simple", les scènes ne sont pas exactement les mêmes que dans la première partie : par exemple une fourchette tombe à la place d'une cuillère, un personnage dit quelque chose au lieu d'un autre, etc.
L'interprétation de ce que l'on voit est donc complexe, si l'on se demande où se situe la réalité : dans la partie A (potentiellement vue à travers les yeux de l'amoureux transis), dans la partie B (plus mitigée, plus complexe, peut-être donc la même histoire vue par la femme), quelque part entre les deux ?
Le résultat est extrêmement stimulant, très agréable à regarder (un très beau noir et blanc qui sera utilisé dans trois autres films par le coréen, dont le très beau Matins calmes à Séoul), parfaitement construit.
Après les deux premiers films qui comportaient encore des tentatives plus ou moins réussies, La vierge... est pour moi la première complète réussite de Hong Sang-Soo.
Un film assez spécial par sa mise en scène et son propos. En fait, il s'agit simplement d'une rencontre et d'une histoire d'amour mais les particularités du film - ce qui frappe de prime abord - sont un tournage en noir et blanc mais surtout un film qui se décompose en deux parties bien distinctes : cette histoire vue par l'homme puis la même histoire vue par la femme. Et, bien sûr, les 2 visions ne sont pas les mêmes : certaines choses ont beaucoup marqué l'un des deux personnages mais sont passées quasiment inaperçues pour l'autre personnage, parfois même les visions sont tellement différentes que l'on se demande laquelle les deux versions correspond à la réalité.
A plusieurs reprises j'ai entendu parler de Hong Sang-soo et j'avouerais que voir un de ses films m'a toujours titillé. A défaut d'avoir pu aller voir son dernier en salles, je me rabats sur celui-ci dont le titre m'intriguait presque autant que son 'Le Jour où le cochon est tombé dans le puits'. Bref passons, c'est donc avec curiosité que je me lance dans la découverte de ce réalisateur.
Les premières minutes ne laissent pas indifférentes, elles nous plongent instantanément dans une ambiance assez travaillée. Un espace de vide marqué par une gravité et teintée de douceur. L'entrée en matière est donc très bonne et le noir et blanc ne manquera pas de confirmer ce jugement. L'imagerie est sobre mais non pas moins élégante.
Le film se base en grande partie sur un principe de dualité qui lui permettra de gagner en consistance et en profondeur. Ainsi le film se divise donc en deux grandes parties bien distinctes. Ses deux grandes parties se font constamment échos, quoi de plus normal lorsqu'on l'on sait qu'elles racontent toutes deux la même histoire. Nos héros partent donc du même points, rencontrent les mêmes étapes mais avec quelques détails qui se verront modifiés et auront malgré leur futilité apparente un certain impact sur l'histoire.
La première partie se révèle être plus romancée que la seconde. L'on suit les scènes en étant plus proche du personnage masculin (Jae-hoon), fou amoureux de Soo-Jung. La douceur est au rendez-vous en démontre les quelques scènes langoureuses et le romantisme du point de vue.
La seconde partie est donc plus terre à terre, moins romanesque et sonne donc presque instantanément comme plus vraie aux yeux du spectateur. Ce sentiment de vérité se retrouve sublimé par l'utilisation du noir et blanc. C'est aussi un sentiment d’âpreté bien plus appuyé qui fait surface et des âmes plus torturées et complexes. C'est cette notion de double point de vue totalement maîtrisé qui permet d'éloigner les personnages des clichés de l'homme amoureux et de la femme traumatisée par une relation sexuelle. Hong Sang-soo nous démontre entre autre que sur un même fait matériel (Donc incontestable) les perceptions peuvent variées d'un individu à l'autre (La scène de la fourchette/cuillère), le réalisateur coréen superpose deux morceaux de vie pour aboutir à un certain sentiment de richesse psychologique.
Au final l'oeuvre de Hong Sang-soo se révèle être particulièrement intéressante quoi que tout de même assez exigeante. Les portraits de personnages gagnent en consistance au fil du long-métrage. Les sentiments et émotions se succèdent mais La vierge mise à nu par ses prétendants brille surtout par son travail sur l'ambiance. Voilà en tout cas une approche bien sympathique du cinéma de Hong Sang-soo, très impatient d'approfondir tout ça.
En général j'aime bien le cinéma coréen, mais je suis navré de voir une pâle copie du cinema intellectuel européen. Le noir et blanc n'apporte rien, si ce n'est d'avoir le consensus des intellectuels européens justement. Le film dure 2 heures, mais il donne l'impression d'en faire 4 dès la première. Et comme la deuxième heure est un remake de la première vous pouvez dormir vous ne raterez pas grand chose. Les personnages, bourrés de complexes d'un autre âge sont plus énervants qu'attachants. Les décors en noir et blanc d'une ville coréenne quelconque en hiver sont tristes et glauques. La musique est soit inexistante soit énervante. La vie a l'air d'un ennui mortel en Corée !
On ne peut que saluer la justesse de ce tryptique amoureux. Il est le reflet exact d'une société coréene dont les rapports homme-femme sont des rapports de domination. Les deux visions successives de mêmes événements le mettent parfaitement en lumière. D'ailleurs, le jeu du narrateur dans la construction de ses deux recits est un véritable plaisir.