Noémie Saglio nous livre, avec « Telle mère, telle fille » une comédie française qui comporte peu ou prou tous les poncifs du genre. Si l’idée de départ (la grossesse simultanée d’une mère et sa fille) peut sembler bonne, le film n’est pas à la hauteur. Ce n’est ni la faute de Noémie Saglio, ni celle des acteurs. Saglio remet une copie propre en terme de réalisation, son film est rythmé et sans temps morts, la musique (signée M) est plutôt agréable et pas envahissante, « Telle mère, telle fille » est réalisé de façon très académique, sans génie mais sans fausse notes non plus : une réalisation efficace et passe-partout comme le cinéma français en produit beaucoup. Il n’y a pas de « patte » Saglio, le film aurait pu émaner de quelqu’un d’autre cela aurait été pareil. Coté casting, c’est au final Lambert Wilson qui s’en tire le mieux pour la bonne et simple raison que c’est lui qui a le rôle le plus sobre, le plus « normal » et qu’il incarne parfaitement bien ce chef d’orchestre divorcé toujours amoureux de son ex et de son grain de folie. Camille Cotin et Juliette Binoche sont, quant à elles, dans l’excès mais c’est leur personnage qui veut ça. Binoche s’amuse comme une folle à incarner une adolescente attardée et Cotin passe quasiment tout le film à hurler et à s’agiter dans tous les sens. Cette espèce de frénésie quasi permanente finit par être carrément contre-productive : C’était probablement voulu et pensé pour donner du rythme, or ça finit par produire l’effet inverse et par devenir saoulant ! Reste qu’il y a une belle brochette de seconds rôles, bien tenus par Irène Jacob, Olivia Côte ou Jean-Luc Bideau. Ces seconds rôles, bien que très caricaturaux eux aussi, sont assez savoureux au point de parfois presque voler la vedette aux têtes d’affiche. Reste le pauvre Michael Dichter, dans le rôle de Louis, qui semble avoir du mal à composer un futur père de famille crédible, transparent, il surjoue un petit peu le glandeur professionnel (du genre qui cherchera du travail une fois sa thèse achevée, sauf qu’elle ne s’achève jamais !) et, au final, il détonne un peu dans ce casting, il sonne un petit peu faux. Mais ce n’est pas le principal problème de « Telle mère, telle fille ». Il y a dans le scénario de cette comédie une sorte de paresse qui finit par énerver un peu, et même assez vite. Rôles stéréotypés, situations quasi-improbables, jeu parfois hystérique, tout ça ne suffit pas à remplir un film ! Faire sourire, OK ! Parfois faire rire, d’accord. Mais quoi ? Il n’y a pas vraiment de fond dans tout cela, le film sonne creux et cela dés le premier quart d’heure. Un scénario sur ce thème, même en restant dans le registre de la comédie, aurait pu être tellement mieux écrit, évoquer le risque des grossesses tardives (Mado est enceinte à 47 ans et mène une grossesse complètement ordinaire !), explorer la relation mère fille autrement que par le stéréotype (Mado a eu sa première fille à 17 ans, et a du sacrifier sa carrière de danseuse, il y aurait eu des choses à dire là dessus), faire un peu plus de psychologie sans glisser inévitablement vers le conflit bruyant qui ne mène à rien. Si l’on ajoute à cela toutes les scènes ou Avril (qui travaille comme nez chez un producteur de lessive et de produits ménagers) travaille sur un nouveau parfum pour toilettes et qui finissent toutes par une petite référence scatologique (ouh la la que c’est drôle le caca !), on boucle la boucle et on se dit que non, on n’est pas devant autre chose que devant une comédie paresseuse, formatée pour un dimanche soir sur TF1 : aussitôt vue, aussitôt oubliée. Et l’on enrage un peu de voir Juliette Binoche, qui demeure une immense actrice oscarisée, mettre son talent au service d’un cinéma français paresseux. Probablement que c’était kiffant pour elle de jouer un contre-emploi, une blonde écervelée qui se comporte à 50 balais comme une gamine capricieuse, et c’est vrai qu’elle est détonante dans ce rôle qui correspond si peu à l’image policée qu’on se fait d’elle. Mais quand même, un contre-emploi et quelques situations improbables ne suffisent pas à remplir un film de 1h35. Le film semble long alors qu’il va à 100 à l’heure, pour la bonne et simple raison que, malgré toute la bonne volonté du monde, on ne croit pas à cette histoire de double grossesse : trop caricaturale, trop improbable, beaucoup trop superficielle.