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    La Saison des Hommes
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    Neila Driss
    Neila Driss

    82 abonnés 17 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 janvier 2023
    J’ai enfin vu le film « La saison des hommes موسم الرجال » (2000) réalisé par feue Moufida Tlatli, avec dans les principaux rôles Rabia Ben Abdallah (Aïcha), Ghalia Benali (Meriem), Sabah Bouzouita (Zeineb), Ezzedine Gannoun (Saïd), هند صبري - Hend Sabry (Emna) et Mouna Noureddine (la belle-mère).

    « La saison des hommes » avait fait sa première au Festival de Cannes dans la section « Un certain regard ». Il avait par la suite remporté des prix dans plusieurs festivals, notamment au Festival du Film de Cologne 2001 (Meilleur scénario pour Moufida Tlatli et Nouri Bouzid), au Festival International du Film Francophone de Namur 2000 (2 prix de Meilleure actrice pour Rabia Ben Abdallah) et à la Biennale des cinémas arabes à Paris 2000 (Grand Prix de l’IMA).

    Je ne connaissais pas ce film et j’ai été très agréablement surprise. Y compris d’y retrouver une Hend Sabry un peu plus âgée que dans « Les silences du palais », et une très jeune Ghalia Benali.

    J’entendais vaguement parler de cette tradition djerbienne (et d’autres régions aussi), où les hommes vont travailler à Tunis ou à l’étranger, et ne reviennent voir leurs épouses qu’une fois par an, et même moins parfois, mais sans en réaliser les conséquences. En fait, lorsqu’on en parle dans nos salons tunisois, c’est surtout pour se moquer de la légende qui dit que parfois les bébés dorment dans le ventre de leurs mamans plusieurs mois, voire plusieurs années, avant qu’elles n’accouchent. C’était un moyen de légitimer des enfants qui sont conçus en l’absence de leurs pères et pour éviter les scandales et les drames.

    A travers ce film, on comprend, je dirais même qu’on ressent, les souffrances et les privations, de ces épouses qui vivent dans l’attente. Une attente plus ou moins longue, et qui pourrait même être éternelle spoiler: (comme pour la belle sœur qui n’a connu son mari que la nuit des noces et qui depuis est parti sans revenir).


    Pendant onze mois, ces femmes sont confrontées à leur relative solitude (elles sont mariées, mais quand même seules, sans compagnon). Elles ne vivent qu’à travers leurs obligations familiales et ménagères. Bien sur sous l’autorité d’une belle-mère, sévère gardienne des traditions et des apparences, et qui oublie qu’elle aussi avait été femme.
    Ces épouses qui doivent porter des garçons et perpétuer ainsi le nom de la famille. Quelle tristesse lorsqu’elles n’enfantent que des filles. Ces filles qui pourraient un autre jour apporter scandale et déshonneur si elles ne sont pas bien élevées et obéissantes.

    Ce n’est qu’à l’approche de la saison des hommes que ces épouses délaissées semblent revivre. Dans la gaieté et la joie, elles se préparent, s’épilent, se lavent, se teignent les cheveux, se parent de leurs plus beaux atours. Mais si par malheur l’un des hommes ne vient pas ou tarde à venir, elles tombent malades de désespoir.

    Ces hommes viennent donc passer un mois en famille, se faire dorloter, faire des enfants… et repartent. Et gare à celle qui leur demandera plus, qui voudra se départir de l’autorité de la belle-mère ou qui même réclamera des caresses érotiques d’un homme pour une femme. Mais voyons, une femme respectable n’a pas le droit de faire de telles remarques ni d’avoir de tels désirs !!! Qu’est-ce qui la distinguerait alors d’une trainée ?

    Ces femmes ne sont pas censées avoir du désir charnel. Non. Et leurs frustrations ? Elles sont occultées, ignorées, enterrées. L’essentiel est qu’elles soient respectables et mariées. Mariées même avec un fantôme, mais mariées, sinon que diraient les voisins ?

    J’ai beaucoup aimé ce film. Je trouve qu’il est bien fait et juste. La réalisatrice a su montrer la vie, les désirs, les peines, les frustrations de ces femmes, sans exagération aucune. Avec subtilité. Avec tendresse. Avec finesse.

    J’ai particulièrement aimé la prestation de Sabeh Bouzouita. Elle a très bien su incarner cette femme délaissée et frustrée, dont la vie a été complètement gâchée à cause d’un mari qui est parti et qui l’a laissée « m3l9a » comme on dit chez nous. « M3l9a, lè m3arssa, lè mtal9a ».

    Dans une scène où elle se fait ausculter par un médecin, on sent sa frustration. Elle veut se faire toucher par un homme, peu importe cet homme et peu importent les circonstances. Elle a besoin de ce contact charnel avec un homme. Elle est en manque. Toutes ces années d'abstinence sont devenues un vrai calvaire pour elle. Cela m'a d'ailleurs rappelée un vieux film français, avec Fernandel dans le rôle principal, où dans le village, toutes les femmes allaient se faire ausculter par le médecin, pour avoir une occasion de se faire toucher par un homme.

    Une autre scène m’a aussi rappelée un autre film « Les femmes du Caire احكي يا شهرزاد» réalisé par Yousry Nasrallah en 2009. On y voit Aicha dire à son mari qu’elle avait abandonné ses études pour se marier avec lui et qu’en fin de compte, qu’y avait-elle gagné ? La réponse du mari : « un homme. Tu as gagné un homme. » La même réponse qui avait été donnée par Hussien El Emam à Sawsen Badr, dans la célèbre scène du restaurant. Comme quoi… Même mentalité dans nos pays arabes.
    I'm A Rocket Man
    I'm A Rocket Man

    279 abonnés 3 089 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 14 octobre 2016
    Film qui n'est pas dénué d'intérêt mais beaucoup trop lent et pas assez clair pour que je l'ai apprécié. On met un moment avant de comprendre qui est qui et les ellipses dans le récit sont vraiment gênantes. Un bon thème mais je n'ai pas aimé...Dommage !
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