Le film traite comme son nom l’indique de la réalité virtuelle, le postulat de départ étant qu’à l’horizon de 2047, cette technologie est devenue si performante que la majorité de la population a abandonné la sphère du réelle et ne vit qu’online.
Le héros, ou plutôt l’anti-héros, est un privé travaillant pour l’une des multinationales et qui se retrouve à enquêter sur des attaques cyber-terroristes.
Un thème porteur, surtout quand on sait que 2016 est l’année de la réalité virtuelle, ou plutôt le coup d’envoi de sa diffusion auprès du grand public.
Visuellement, le film est somptueux. Vraiment, c’est une excellente surprise. On est dans un Paris rétro-futuriste, où les éléments désuets côtoient les nouvelles tours à la Blade-Runner. Je ne suis pas expert en plans et en techniques, mais l’univers est très bien retranscrit à l’écran et, à plusieurs reprises, j’ai pu admirer le soin apporté aux décors. Les couleurs rappellent les classiques de la SF, avec des tons plutôt or et ocres, encore une fois en phase avec l’imagerie d’un Blade-Runner, un Bienvenue à Gattaca ou encore un Deus-Ex. Les images de synthèse sont un peu moins jolies, mais c’est une question de budget et non de vision artistique. Ça reste somme toute très correct.
Du coup, ce Paris désert (les personnes connectées ne sortant plus guère dans les rues) est très réussi. Mais, qui parle de réalité virtuelle, parle d’univers (appelés Verses dans le film) et ceux-ci dénotent totalement du monde réel. Ils manquent un peu de personnalité à mon goût, mais reflètent bien les jeux-vidéo d’aujourd’hui (non pas que ceux-ci manquent de personnalité, mais les univers décrits dans le film sont représentatifs). En tout cas ils font leur office d’opposition par rapport à la réalité, opposition que l’on voit aussi dans les combats. Le film en présente beaucoup (certains un peu longuets, ce n’est pas la force du film, même si ça ne le dessert pas) et on voit une grande différence entre ceux, policés et softs des mondes virtuels, et ceux, plus rugueux et violents du monde réel. Cette différence est vraiment intéressante et appuie le propos, même si, une fois encore, ils ne sont jamais excellents.
Pour ce qui est des personnages, le protagoniste semble tout droit issu d’un film noir. Torturé, ambiguë moralement, asocial mais attachant, on retrouve une fois encore la complexité des grands films du genre. Ce n’est pas un personnage prémâché et cela fait vraiment du bien. Cela surprend même, parfois. Les antagonistes et rôles secondaires sont aussi dans l’ambiguïté, jamais dans la facilité, même s’ils semblent moins riches que le protagoniste.
L’intrigue est classique, mais maîtrisée et elle se déroule dans les règles de l’art. Il y a des moments un peu plus faibles que d’autres, mais elle sert avant tout à présenter les dilemmes moraux du protagoniste, ainsi qu’à élargir sur la thématique du film, qui pose beaucoup de questions sur notre société. Sans apporter de réponses (et ça, c’est chouette). La fin, dont je ne spoilerai rien, m’a en revanche surpris, dans le sens où elle est clivante. Elle est dure. Elle est inattendue dans un film de 2016 et son paysage lisse. J’irais jusqu’à dire qu’elle est excellente et témoigne d’une grande subtilité.
Pour Conclure :
Une bonne surprise, qui me rappelle le ressenti d’œuvres comme Looper ou Clones (Surrogates), avec un budget pourtant tellement moindre. J’y ai pris plus de plaisir que la plupart des films gros-budget récents et, pour l’instant (mais on est déjà en octobre), c’est ma plus belle surprise en 2016.
Bref, si vous aimez la SF et que le film passe près de chez vous : s’il vous plaît, allez le voir.