« Le Secret des Marrowbone » , dès les premières images, fonctionne comme un pur teen-movie, mais qui nous surprend avec sa photographie verdoyante, son esthétique tirant vers le smart so british, avec cette maison très 18e à quelques encablures de falaises dignes des cotes de Cornouailles. C’est dans cette demeure que viennent s’installer une mère et ses quatre enfants. La maman décédant avant que l’ainé Jack (George MacKay) atteigne l’âge de 21 ans nécessaire pour être le tuteur légale de la famille, ce drame risque de les envoyer en famille d’accueil. Ce qu’ils vont éviter en cachant cette mort, si possible jusqu’à sa majorité. Pourtant, un autre drame hante les lieux, véhiculant chez les jeunes une peur viscérale, qu’ils arrivent sans mal à nous transmettre…
Difficile de ne pas penser, par son traitement naturaliste et une poésie éthérée durant toute la partie introductive, a un autre secret, celui de Terabithia (2007), avant que ne viennent se mélanger les parfums gothiques des « Désastreuses Aventures des orphelins Baudelaire »(2004) et ceux aventureux des « Goonies » (1985). Si ce ressenti est parfois prégnant, laissant craindre de découvrir le club des cinq revu par Disney, et ainsi de voir rayer de mon héritage l’ami Seb, il n’en est rien ! Car c’est justement cette narration en conte fantastique pour teenager, avec cette caractérisation des personnages savamment et profondément travaillée, qui va nous mettre dans une immersion suffisante pour subir les violentes ruptures de ton, lorsque le film bascule en mode épouvante. Je vais vous faire une confidence, (que cela reste entre nous hein ?!) mais je n’avais plus sursauté et frissonné (a deux ou trois reprises)depuis belle lurette, en ce temple ou je viens pourtant jouer avec mes émotions depuis la fin des années 70…
Derrière ces draps blancs masquant les miroirs, la tapisserie décrépie des murs, les plafonds de bois vermoulus, la noirceur du grenier… « Le Secret des Marrowbone » est un authentique Gosht flick qui possède(…) sa propre identité, un miracle a une époque où le monde du 7e art ne jure que par les poupées possédées, les planches et les maisons hantées. Sergio G. Sánchez, qui n’a rien fait avant, impose sa patte et renoue avec ce sous-genre par le biais d’une mise en scène atmosphérico-naturaliste, bercée par une photographie sublime, un surround parfaitement dosé, sur un scénario étiré avec une insolente roublardise malgré un univers largement vidé de sa substance, noyé dans des jumps scares ultra prévisible et répétitifs jusqu’à la nausée.
Les acteurs sont tous excellents, à commencer par l’ainé des Marrowbone, Jack, un George MacKay (Captain Fantastic) plein de fougue, une interprétation illuminée par la présence de sa petite amie Allie, la douce Anya Taylor-Joy( The witch, Split), tous deux « possédés » par leurs rôles. Charlie Heaton, Mia Goth et Matthew Stagg complètent idéalement la famille, alors que Kyle Soller est un parfait antagoniste, aussi putassier que smart dans son impeccable costume old school.
Derrière ces descriptions se cache un, voire des secrets, dans une intrigue à rebondissements, un scénario haletant, tragico-flippant, oscillant autant vers des thrillers brillants a la « 6e sens » que « Les autres » (je ne spolie rien, je vous l’ai promissssssssss !!!) et l’ambiance des fear movie’s british des 70’s.
On se plaint assez et à juste titre des histoires redondantes dans ce Genre, de la pauvreté scénaristiques de ces pelloches, des spectacles au trop plein d’inepties et de vacuité, pour refuser ce bijou qui constituerait presque une plongée abyssale du film de revenants, a défaut d’être au moins ce que j’ai vu de mieux depuis des lustres. Admirable !