S'enfonçant plus loin dans le Lointain par l'intermédiaire de cette fameuse porte rouge que l'on ne présente plus ! Adam Robitel transforme ce qui s'avérait être une mythologie initiatique (habilement construite - autour du personnage de Lin Shaye - dans "Insidious : Chapitre 3") à un banal série B tout droit sorti des aventures des Ghostfacers. Ces artifices qui ont jusqu'ici servi à procurer au spectateur des sueurs tièdes cumulent encore une fois des trops fatigués qui viendront gentiment s'annihiler dans cette atmosphère hostile, visiblement plus sinistre que l'odeur "menaçante" qui s'y dégage, après chaque sursaut de frayeur enfantine qui, malheureusement, arrivera à peine à chatouiller l'intérêt du spectateur (toujours pas à son comble). Le réalisateur, Adam Robitel fait preuve d'un véritable manque d'inventivité artistique en faisant recours à des jump scares fortement prévisible, oubliant par là l'essence de la peur, quitte à la sacrifier pour une approche plus mécanique, actuellement plus standard. Avec au passage un Joseph Bishara (toujours à la composition musicale, et apparaît si l'envie lui vient, sous la forme de l'homme au visage enflammé) qui peine à se renouveler.
Même s'il reste timidement fidèle aux racines de la saga, ce nouveau volet manque tout simplement de rigueur dans ses jaillissements.
Et à défaut de vouloir propulser son circuit narratif, en lui faisant prendre un tournant drastique qui esquive avec aisance les écueils habituels auxquels on reconnaît la saga (une façon assez brillante ! Pour préserver l'adhésion du spectateur de longue date), et ne pouvant s'empêcher de faire jaillir au sein de son récit ce sadomasochisme prudent auquel on identifiera facilement des intrusions symboliques (in-volontaires) d'un "Saw" désespérément ressuscité (réactualisé/extirpé de sa latence) dans les ruines du subconscient de son géniteur; son scénariste Leigh Whannell renvoie le spectateur à aller faire un tour dans les méandres d'un "Saw" apparemment travesti sous les traits d'un "Insidious" dévêtu, formaté, lobotomisé par le fait d'être passé entre de nombreuses mains, devenu obsolète, désincarné, désenchanté, ou devrons nous même dire dépossédé de toute sa substance vitale, pour ne laisser transparaître qu'une apparence cadavérique.
Hélas ! De L'œuf, il en reste maintenant que la coquille ! (bravo Hollywood). Son réalisateur démontre avec brio que cette saga n'a plus rien à proposer sur la toile. Car à force de tirer sur les cordes, on finit par s'épuiser et épuiser en retour le matériel neuf.
Depuis le début, nous avons constaté que cette saga a cette fâcheuse tendance de jouer dangereusement avec le temps, quitte à créer des paradoxes temporels (fumeux) dans L'ailleurs, que le scénario ne parviendra jamais à expliciter correctement. Whannell (créateur de gouffres scénaristiques) tentera de s'investir assez lourdement dans ce travail de couture, toujours prêt à re-coller/greffer les morceaux qui étaient déchirés de leur source.
Et si l'humour ne fonctionne absolument pas ! Car ne coïncidant pas avec l'ambiance d'"Insidious", pourtant nous aimerions tout simplement croire que la faute ne revient pas du tout au réalisateur, ni au scénariste, mais seulement à l'éditeur : Sony Pictures : lui qui, depuis quelques temps, a instauré (pour des raisons inconnues) dans l'horreur un genre d'humour (ma foi fumeux !), comme s'il suffisait de tout marveliser pour gagner en crédibilité. Comme si leurs intentions n'étaient expressément destinés qu'à un public plus jeune : leurs productions horrifiques semblent exclusivement réservées aux adolescents, en plus de substituer ce "symbolisme" propre au genre (auquel on reconnaît le protagoniste) à l'héroïsme. Une manière assez coquine ! De la part des yes-men (dans leur folie passionnelle de marvelisation à grande échelle des consciences) d'attirer le jeune public dans leurs marécages.
Même si Robitel par sa générosité parvient à créer une rupture de ton assez singulier dans l'ensemble, en livrant par moment une atmosphère chaleureusement familiale qui force à ressentir de la sympathie envers ses personnages, permettant à ce nouveau volet de se différencier de tout ce que ses prédécesseurs ont généré depuis le premier chapitre de la saga, en faisant le tour de tout ce qui a été révélé jusqu'ici, et allant même jusqu'à puiser encore plus loin dans le temps (rendant son récit foncièrement trop justificatif, trop explicatif par moment, et que l'on reprochera d'ailleurs à Whannell scénariste depuis le début de la franchise) : le passé de Elise et les relations difficiles - devrons nous même dire toxiques ! - qu'elle entretenait avec l'autorité patriarcale et du frère (rendu sans doute idiot par la vieillesse) qu'il n'a plus vu depuis belle lurette... N'empêche ! Cela ne suffit pas pour faire d'"Insidious : Last Key" une conclusion digne de notre respect envers la saga.
"Insidious" nous aura servi son lot de guignolerie avant de livrer son/sa dernièr(e) (tour comique) clef, pour ensuite s'effondrer contre le sol. Se différenciant de peu (enfin de compte) des ouija et autre du genre, nous remercions ses créateurs d'avoir enfin permis au spectateur d'entrevoir cet(te) outre monde (dimension) que le cinéma de genre ne faisait qu'effleurer. Et pour le bien de tous, nous lui souhaitons de tout cœur de reposer en paix !