Wheelman est une excellente surprise, une petite claque tout droit sortie de nul part. Partant d'un postulat simple et basique (une course à la montre des plus communes), le film parviendra à se démarquer des autres films du genre par sa forme esthétiquement travaillée et son intensité soutenue. Passionnant, le film ne laisse jamais son spectateur tranquille, le persécutant du début jusqu'à la fin.
Pour ce faire, la mise en scène de Jeremy Rush, sombre inconnu réalisant ici son premier long-métrage, accentue son univers oppressant et claustrophobe, la caméra restant embarquée dans la voiture de notre cher conducteur, et les rares fois où l'on sortira de la voiture, ce sera comme un vent de fraîcheur pour nous. Cela fait du bien, cela libère littéralement nos esprits : on se sent comme libérés d'un lourd fardeau, d'un fardeau qui nous étouffe et nous oppresse.
Là est la principale qualité de la mise en scène : parvenir à rester viscérale du début à la fin, à ne jamais ennuyer son spectateur. L'action, qui prend généralement son temps pour intervenir dans l'intrigue, ne sera jamais trop longue à intervenir grâce à, justement, tout le travail orchestré par Rush, un travail de réalisation des plus honorables et honnêtes.
Le film a de la personnalité visuelle, et même si l'on pourra déceler quelques failles d'écriture (concernant notamment quelques incohérences), l'on sera tellement impressionné, tellement pris par le film, pris jusqu'au cou qu'on n'aura que faire que tel ou tel détail soit défaillant, que telle ou telle erreur soit présente par ci, par là. Et c'est une force non négligeable : la forme fait oublier le vide du fond, remplace aisément le manque de réflexion de son intrigue qui, même si elle sera alambiquée, n'est jamais révolutionnaire au point qu'on soit renversé de notre siège.
Et s'il est une chose de sûr, c'est que Wheelman ne cherchait pas à être révolutionnaire. Loin de là. Sa fonction principale concernait seulement le fait de nous détendre, de nous divertir une heure durant, cela sans que l'on ne s'ennuie. On passera donc un peu plus d'une heure vingt tendus dans notre siège, la larme coulante sur notre front, happés par un divertissement intense, sans prise de tête et purement détente. C'est devant ce genre que l'on oublie tous nos soucis, que l'on est transportés de son ouverture à sa conclusion, et qu'on en redemande finalement. Rien que cela vaut tout l'or du monde. Une excellente surprise que je ne saurai que vous conseiller.