Fin 2014, Audrey Zvyagintsev présentait LEVIATHAN , film ample, fort , puissant , critique acerbe de la Russie de Poutine, gangrénée par la corruption, y compris dans ce village de nulle part où maire, procureur, juge, commissaire de police sinon le pope, se liguaient contre ce pauvre Kolia, en tentant de s’approprier son terrain, et toute la beauté des alentours où il baignait depuis sa naissance. Le film avait reçu le prix du scénario à Cannes et le Golden Globe du film étranger…récompenses amplement méritées…Dans LEVIATHAN, le spectateur pouvait ressentir de l’empathie pour Kolia, de l’aversion pour la nomenclatura du village…et même sourire devant ces mêmes élites qui fortement alcoolisées tiraient à la kalachnikov sur des cibles représentant les anciens dirigeants de l’URSS… dans Faute d’amour, nouvelle allégorie féroce de la Russie actuelle, nouvelle récompense à Cannes avec le prix du Jury et pourtant mon exaspération a grandi au fur et à mesure du film…j’ai vainement cherché un personnage positif…certes il y a cet enfant, Aliocha, timide et fragile, gêne et embarras pour ces parents qui se déchirent aux portes du divorce...comme il disparait assez rapidement, son image s’efface tout aussi vite et c’est dommage… Reste une accumulation de portraits monstrueux, des montagnes d’égoïsme, une mère indigne, Zhenia, mais qui ne fait peut-être que reproduire la relation que sa propre mère avait avec elle, elle a trouvé le nouvel homme de sa vie, qui de plus est riche…et sans doute le seul homme « normal » du film, un père veule, Boris, dont la première préoccupation est de cacher son divorce à son employeur, orthodoxe intégriste pour qui la famille est sacrée…Il a trouvé lui aussi une nouvelle compagne qu’il a engrossée, Masha, immature et possessive, qui lui reproche de l’abandonner quand il participe aux recherches de son fils…une police cynique qui se moque de leur problème, justifiant sa position par un manque de moyens et de personnels...refrain connu …et qui les oriente vers le GRED, groupement de recherche des enfants disparus, association de bénévoles, qui existent réellement en Russie, et qui lance les recherches avec une discipline toute soviétique…à moins que nom de code du coordinateur (Père Noel) soit un trait d’humour ? Le film s’empêtre alors dans une recherche qui traine en longueur et finit par nous lasser…On pourra toujours dire que si le film est glacial, c’est pour mieux rendre compte de la froideur et de la cruauté du monde contemporain et de la Russie en particulier…mais un zeste d’empathie n’eu pas été superflu…j’en suis sorti agacé par des personnages qui m’étaient devenus totalement indifférents…