Bon déjà avant toute chose, l'affiche officielle du film est pour moi la plus belle de la décennie.
Petit coup de cœur de l'été, envoûtant, énigmatique mais aussi rafraîchissant avec ces nombreuses séquences où sont présentes des piscines, Under the Silver Lake est le troisième film de David Robert Mitchell.
Sam interprété par Andrew Garfield est un trentenaire fauché qui passe ses journées à ne rien faire. Il lit des comics, observe les formes de ses voisines à travers des jumelles ou se masturbe. Mais Sam est un « branleur » curieux.Son quotidien bascule lorsqu'il rencontre Sarah jouée par Riley Keough pour qui il conçoit un fantasme absolu dès sa première rencontre. Mais le lendemain la belle blonde disparaît. Commence alors un trip dans les rues de Los Angeles aux accents c'est vrai parfois lynchéens même si David Robert Mitchell parvient à créer sa propre originalité qu'on avait déjà pu entrevoir dans son thriller It Follows où l'on retrouve d'ailleurs encore une fois Disasterpeace dans une B.O très envoûtante.
On est très vite séduits par la très belle mise en scène. Si à l'image de l'ennui de Sam au début du film enfermé dans son appartement branché à la pop culture, peu à peu le fantasme et ses couleurs vont faire leur apparition dès que Sam erre sur son balcon pour observer les filles. En effet, on a l'impression que la curiosité et la progression de Sam sont renforcés par les images féminines qu'il s'imprègne (au sens symbolique).Ainsi les fêtes complètement déjantées auxquelles assistent le protagoniste ont quelque chose de très « Gatsby ». À côté de ça on peut avoir des scènes très sombres rappelant les films noirs d'Howard Hawks. D'ailleurs le film se nourrit bien de symbolisme, prenant alors les traits d'une grande énigme où les liens entre les référents et les référés ne sont plus tout aussi limpides que le spectateur pourrait s'imaginer et en sens s'opère une belle réflexion sur les apparences .
Car en effet ce qui à première vue pourrait être le récit d'une enquête d'un homme pour retrouver sa dulcinée s'avère en réalité bien plus profond. Progressivement le spectateur rentre dans les travers d' un Los Angeles avec des thématiques comme la société de consommation, les sectes ou encore les théories du complot.
Film hommage au cinéma hollywoodien également à l'image du récent La La Land de Damien Chazelle, Mitchell utilise de multiples affiches de films dans les chambres de ses personnages . On pourrait citer Hitchcock dès le début du film avec un travelling compensé ou bien même Sam qui comme Jeff dans Fenêtre sur Cour observe ses voisines avec des jumelles. Outil optique qui symbolise la vision, telle une mise en abyme celle d'un cinéma comme un grand rêve éveillé. Ici ce voyage s'effectue à travers le très bon jeu (Oui, je vous le jure) d'Andrew Garfield entre rêve et projection mentale de ses fantasmes sous fond de cure psychanalytique à travers une autre thématique riche à mes yeux : celle du chien qui est souvent associé aux femmes lors de ses fantasmes. Références aussi à L'Etrange Créature du lac noir de Jack Arnold, à Comment épouser un millionnaire, à Janet Gaynor, Marilyn Monroe (le parallèle avec Sarah est frappant) mais aussi à la culture pop avec des hommages multiples tels Zelda, la NES, les boites de céréales funky ou encore les grands groupes comme Nirvana, la musique pop est d'ailleurs servie dans une des plus belles séquences de l'année.
Si le film a été boudé au dernier Festival de Cannes, et malgré je trouve parfois quelques longueurs, Under the Silver Lake à tout le mérite de nous offrir un film remarquable par sa mise en scène et par sa tonalité onirique dans les travers de Los Angeles teintés de nombreuses références . Qui plus est, le film est extrêmement bien ficelé dans sa construction.
Pour l’anecdote, ce film a été aussi pour moi l'occasion de replonger une madeleine dans le thé avec un personnage secondaire certes mais incarné par Rex Linn qui jouait dans Les Experts Miami, une série certes chiante pour moi maintenant mais que je dévorais quand j'étais gosse et pour la deuxième anecdote on retrouve aussi un certain Patrick Fischler dans un rôle complètement barjo. Pas étonnant puisqu'il a déjà joué deux fois avec David Lynch, mais bon je m'arrête là parce que je ne suis plus objectif !
Vous l'aurez compris, je vous conseille donc l'Under the Silver Lake d'un réalisateur plein de talents, qui je pense à encore de belles choses à offrir aux amoureux d'un art qu'on appelle le cinéma.