Rarement, au sortir d’une projection, je me suis posé la question suivante : est-ce que ce film était un chef d’œuvre difficile à cerner totalement, ou alors un film ambitieux qui n’arrive pas entièrement à ses fins, ou encore si c’est simplement un objet vain et pompeux ?
« Under The Silver Lake » est à la fois un film facile d’accès en apparence mais qui va rapidement vous perdre dans un dédale labyrinthique qui peut sembler sans queues ni têtes (encore que, ça n’est pas ça qui manque !).
Des qualités, le film en est truffé : les passages façon BD, la paranoïa, la critique de la « fabrication » de la musique (très grande scène hallucinante), la tension quais permanente…
En prime, les images sont superbement éclairées et mises en scènes, Andrew Garfield est de presque tous les plans et il joue très bien, la BO passe un nombre incroyable de musiques cultes (mais jamais plus de 15 secondes !)…
De plus, il y a des hommages -parfois un peu trop appuyés- à de grands et bons classiques. Il est plaisant de vivre les rêves du personnage à la façon de « Mulholland Drive », d’être de plus en plus perdu comme dans "Inherent Vice", mais pas autant, disons qu'au lieu d'être sous acide, nous sommes embrouillés par un nuage de fumette. Et puis il y a du suspens et de la tension à la manière du grand Hitchcock, ce qui fait penser que l’on va avoir un dénouement de haute voltige.
Et pourtant, n’attendez pas trop d’explications concrètes, il va falloir accepter de se laisser porter dans ce trip. Mais aussi, accepter de passer d’une référence à une autre, y trouver du sens ou non, la comprendre ou pas, de toute façon, c’est trop dense pour pouvoir tout identifier ou relever au premier visionnage.
La pop-culture est mise en avant, après tout, le film montre, comme le fait toujours David Robert Mitchell, le passage de l’adolescent à la vie d’adulte, sans trop vouloir y plonger, plus en restant adulescent. Comme dans tout jeux vidéo qui se respectent, il y a un niveau caché, et celui du film et très spécial. Et à trop vouloir sauver la princesse, on y perd des plumes et il ne faut pas trop compter sur des « extra life » ! (oui, cette chronique fait la part belle à des références de pop-culture, lvl-up Mario !).
Reste que cette plongée dans Los Angeles et tout ce que le Silver Screen (grand écran) fait miroiter aux gens en opposition avec la réalité cachée sous le Silver Lake est intéressante.
Hollywood n’a pas, à ma connaissance, été montré de la sorte, reste que comme dernière référence, à la manière de « The Neon Demon », le film semble un joli objet à la finalité quelque peu douteuse au final.
Définitivement un film à revoir, mais pas tout de suite, pour avoir un œil à la fois plus préparé mais toujours aussi frais. Mais aussi un film à voir pour sa liberté, sa douce folie et sa proposition assez unique en son genre.