Toledano et Nakache font aujourd’hui partie de la A-list des réalisateurs de comédie en France, ceux dont on sait à l’avance que chacun de leurs films sera un succès populaire massif...et qui, à défaut d’un adoubement unanime, ont peu de chances de subir un désaveu critique. On ne sera donc pas surpris que si ‘Le sens de la fête’ n’est pas la meilleure comédie de l’année, ni même la plus drôle, elle s’impose comme l’une des plus fédératrices. Le duo possède de toute façon une méthode bien à lui pour arriver à ce résultat, qu’ils ne se privent pas de recycler de films en films : maîtres de la comédie chorale, adeptes des sujets qui parlent à tout le monde sans que grand monde puisse prétendre les maîtriser en profondeur (et c’est bien le cas ici, avec les coulisses de l’organisation d’un mariage), il se débrouillent pour être piquants, classiques mais pas ringards, et n’épicent le propos d’un peu de gravité que parce qu’ils sauront se montrer optimistes et rassembleurs dans la conclusion. ‘Le sens de la fête’ carbure en grande partie à la qualité de son casting, choisi à la perfection. Il y a les têtes d’affiche : Bacri, évidemment, en patron bienveillant mais stressé et sarcastique ; Rouve, en photographe pique-assiettes et Lellouche, en animateur musical beauf. Et puis, il y a les autre, moins connus (toutes proportions gardées) : Eye Haïdara, l’assistante forte-en-gueule et irritable ; Vincent Macaigne, le pote dépressif du patron, engagé par pure sympathie, qui tombe amoureux de la mariée...ou Alban Ivanov, gros lourd qui comprend tout de travers. Et puis il y a les serveurs tamouls, le mystérieux repreneur de la société, le petit stagiaire qui n’en pense pas moins, la famille affreusement bourgeoise des mariés. Vous me direz, une comédie chorale avec de bons acteurs, ce n’est pas forcément d’une extrême rareté. C’est là que Toledano et Nakache font jouer leur avantage : chacun de ces multiples personnages bénéficie d’une exposition suffisante, aucun n’est mis en avant à l’excès au détriment des autres et chacun a le temps faire résonner sa musique humoristique personnelle. Ensuite, même les moins sympathiques de ces figures se retrouvent affublés in fine de caractéristiques sympathiques : le beauf insupportable sait prendre les choses en main quand il le faut, la grande bourgeoise glaciale dévoilera un tempérament inattendue, et même les plus maladroits et à la dérive des employés pourront être de bon conseil...et à la fin, tous seront contents, heureux du moment passés ensemble malgré les difficultés, les petites boulettes et les grosses catastrophes...et on n’a même pas l’impression que tout cela a été échafaudés artificiellement ! C’est peut-être bien là que se trouve le secret des deux réalisateurs : même s’ils ne sont pas les meilleurs, ni les plus drôles, ni les plus originaux, il y a tellement de bonne humeur, sans qu’on puisse leur reprocher de faire preuve de naïveté pour autant, qu’on a du mal à se montrer trop critiques et exigeants avec eux.