« Le sens de la fête » a le sens du rythme, aucun temps mort sous la baguette du chef d’orchestre Jean-Pierre Bacri (Max). Ce film choral tente d’équilibrer un casting varié ; certains arrivent avec peine à avoir « leurs moments à eux ». La relation factice entre Josiane et Henri (Suzanne Clément et Kevin Azaïs) que j’ai trouvée limite inutile n’a pas entaché le rythme. Leurs séquences étant baignées dans le bruit des cuisines et le mouvement perpétuel de ces corps préoccupés à mettre en place la cérémonie. « Le sens de la fête » a le sens de la mesure, des dialogues ciselés aux petits oignons, pas de vulgarité, et si ça dérape en grossièretés banales, là encore, le chef d’orchestre Max veille à la bonne conduite. Pas de gags lourds, appuyés, pas de répétitions, pas de surcharges. Par exemple, quand James invite à faire tournoyer les chiffons, seuls les regards dépités et silencieux de Pierre (Benjamin Lavernhe) et de Max suffisent, inutile d’en rajouter avec une séquence faite de reproches. L’organisation de ce mariage pèse lourd mais le ton demeure léger. « Le sens de la fête » a le sens du message social et la diatribe de Max à son personnel n'est en rien démagogique. « Le sens de la fête » nous dit aussi quelque chose sur le métier de photographe de mariages. J’ignore si on demande toujours un photographe à des mariages, j’ignore si c’est de plus en plus rare, mais le film nous montre combien les portables et autres iPad peuvent suffire et faire des invités, des photographes en puissance. Il suffit de désigner un ami proche ou un membre de la famille pour obtenir les photos du mariage. Et parfois, elles n’ont rien à envier aux professionnels ! Guy (Jean-Paul Rouve) semble dépassé voire ringard. Contrairement à certains pisse-vinaigre, notre comédie dite « A la française » se porte bien. Gardons-nous bien de généraliser. Elle est variée, indigente, navrante, audacieuse, classique, décalée, décapante, insolite, ringarde, politiquement incorrecte et roborative. Une comédie qui fonctionne bien a nécessairement « Le sens de la fête »! Tolédano et Nakache en ont assurément.