Le 6 juin 44, Stalingrad, Pearl Harbor, on a jusqu’ici eu le droit à quasi toutes les batailles déterminantes de la 2nde Guerre Mondiale adaptées au cinéma. Ne manquait guerre plus que Midway et c’est désormais chose faite et bien faite.
Le 1er tiers (et c’est bien vu de consacrer un tiers du film au pourquoi de cette bataille, notamment pour ceux et celles ne maîtrisant pas bien l’historique des batailles du Pacifique) du film présente les enjeux et une multitude de personnages (on se perd un peu au début avec d’innombrables allés retours), Emmerich plante, parfois de manière un peu brouillonne, un solide cadre pour la suite de film. On comprend les motivations de chacun, que ce soit les personnelles de chaque soldats, ou celles des nations qui s’affrontent. Jusqu’à nous amener à la bataille de Midway, qui comme tout le reste du film est une belle réalisation esthétique. Restituer sur écran géant des batailles aéronavales est toujours compliqué, mais Emmerich réussit son coup, c’est propre, jamais foutoir, toujours intense et jamais trop long. « Midway » sait nous faire respirer quand il le faut et ne se contente pas d’enchaîner les scènes de combat.
Malheureusement le suspense ne naît jamais vraiment, oui on sait comment la grande histoire se termine, mais celles des personnages aurait mérité de plus nous prendre aux tripes (comme ce fût le cas pour « Stalingrad » par exemple), jamais on ne s’inquiète ou on ne s’émeut réellement pour eux, dommage car s’ils sont un peu caricaturaux, ils sont sympathiques, en plus d’être joués par un casting de haut vol. Du coup le film manque un peu d’enjeux, mais qu’à cela ne tienne, comme je le disais plus haut, « Midway » nous divertit pleinement dès que le combat s’engage. Pour autant ce n’est pas un bête blockbuster guerrier. Bien qu’il la survole (après tout ce n’est pas un documentaire) Emmerich respecte l’histoire avec un grand H, en ne prenant pas de fantaisies inutiles. Il a aussi le très bon goût de ne pas tomber dans la caricature patriotique souvent chère aux blockbusters de l’Oncle Sam. Ici le camp japonais est filmé aussi avec humanité, ils ont eu leurs moments de gloires, et sont, au même titre que leurs adversaires, des humains cherchant avant tout à survivre et à vaincre pour leur patrie. Cette absence de manichéisme est très appréciable ce qui allège considérablement le film.
« Midway » ne réinvente donc rien au final, mais il s’avère franchement divertissant. L’alliance du blockbuster et du film de guerre marche à merveille et Emmerich parvient à éviter les embûches qui se présentaient à lui (héroïsme dégoulinant, traitement manichéen de l’histoire, ou sacrifice total de cette dernière au seul profit des batailles). « Midway » n’est pas exempt de tout reproche, mais reste un bon film de guerre.