Jean-Luc Godard par Michel Hazanavicius : sur le papier, cela faisait plutôt envie. Hélas, sur écran, le résultat est (nettement) moins convaincant. Pourtant, ce « Redoutable » est pétri de qualités : l'auteur des « OSS 117 » s'est donné beaucoup de mal pour faire ressusciter l'époque et le contexte politique, les couleurs, l'esthétique générale sont excellemment rendus, tout comme la vision du cinéma par Godard à travers des intermèdes et des techniques assez drôles (notamment les sous-titres « traduisant » ce que les personnages cherchent réellement à exprimer derrière un échange assez creux). Malheureusement, je ne suis jamais vraiment rentré dedans. Il faut dire que l'ami Jean-Luc, ça n'est pas ma tasse de thé. Son cinéma, son approche, ses réflexions sur celui-ci : cela ne m'intéresse pas, voire m'ennuie. Je me disais qu'avec ce film, ce sentiment changerait peut-être, ne serait-ce qu'un peu : ça n'est pas du tout le cas. Je pense d'ailleurs qu'Hazanavicius a vraiment eu la main trop lourde concernant le réalisateur de « Pierrot le fou » : certes, il le montre comme une personne intelligente, brillante, en perpétuelle réflexion et mouvement, pour qui existe uniquement le collectif au détriment de l'individu. Mais il le rend tellement prétentieux, odieux, insensible aux autres que la démonstration finit par tourner un peu à vide, se limitant trop au seul regard (aussi intéressant et renseigné soit-il) de son ancienne épouse Anne Wiazemsky (hélas décédée deux jours avant cette critique). De plus, je ne doute pas de l'insatisfaction chronique de Godard sur son cinéma, mais alors que celui-ci était un passionné de films américains, cela est à peine effleuré, alors qu'ils sont un élément important dans la culture du bonhomme. Loin de la savoureuse comédie attendue, et malgré la prestation plutôt convaincante de Louis Garrel, je suis ainsi souvent resté sur le bord du chemin. Dommage, car les partitions musicales choisies sont superbes, les événements et assemblées autour de Mai 68 bien retranscrites, tout comme cette volonté de créer un « vrai cinéma politique », comme il est dit dans l'œuvre. Bref, si je sors un peu plus « cultivé » concernant l'époque et les aspirations de la Nouvelle Vague, « Le Redoutable » vient, hélas, me confirmer que cette vision du septième art n'est vraiment pas la mienne.