Alors qu’au Liban, la guerre civile est officiellement terminée depuis 1990, le traumatisme de ce conflit qui a duré 15 ans hante toujours l’esprit de ses habitants, au point que 27 ans après l’accord de Taëf et la reddition du général Aoun, nombreux sont les films en provenance de ce pays qui évoquent cette douloureuse période. Ce n’est pas tout à fait le cas de "Tombé du ciel", le premier long métrage de fiction de Wissam Charaf, présenté dans la sélection ACID de Cannes 2016, mais on sent l’héritage de la guerre dans la vision décalée du Liban d’aujourd’hui que nous offre le réalisateur.
Le Liban est un pays où les objets tombés du ciel ont été monnaie courante de 1975 à 1990. Ces objets, malheureusement pour les habitants, c’était des bombes ! Mais là, en 2010 et des poussières, ce qui, au sens figuré, tombe du ciel, c’est un homme, Samir. Un homme que tout le monde pensait mort, un ancien milicien, trouvé allongé au milieu d’une route dans un coin de montagne enneigé et qui va être recueilli par son « petit » frère Omar, dorénavant un grand balèze qui monnaye sa force comme videur dans une boite de nuit.
C’est très vite qu’on comprend dans quelle catégorie se situe Tombé du ciel : un film qui, au travers de personnages dérisoires et improbables et de scènes burlesques dans lesquelles un côté absurde pointe souvent son nez, cherche à nous montrer ce qu’est le Liban d’aujourd’hui. Un pays, par exemple, dans lequel un garagiste qui voudrait immigrer en Allemagne et souhaite apprendre la langue, se voit conseiller de lire Mein Kampf, « un livre très facile à trouver ».
Depuis la naissance du cinéma, le domaine de l’humour pince-sans-rire et souvent noir a vu défiler de nombreux « maîtres » venant d’un peu partout dans le monde. On ne peut que se réjouir lorsque un nouveau nom apparaît, quand bien même cette apparition se fait au travers d’un film présentant un certain nombre de défauts. Cette fois ci, ce nouveau nom est celui de Wissam Charaf, un réalisateur libanais qui, avant ce long-métrage, avait réalisé 4 court-métrages et un documentaire après avoir travaillé dans le passé comme monteur et cadreur de reportages pour Arte et comme assistant réalisateur sur des vidéo-clips.