Mocky signe avec L’Etalon une petite œuvre, un film divertissant, mais sans plus, qui attaque son sujet de façon assez directe, avec un casting sympathique et un ancrage dans son époque manifeste.
Bourvil, dont c’est un des derniers films, s’empare d’un rôle excentrique dans lequel on ne l’imaginait pas forcément, et d’ailleurs il avait refusé le projet à l’origine. Son abattage reste bien là, même si on sent clairement la maladie. Il se montre sobre, un peu en retrait face à un Michael Lonsdale et un Francis Blanche qui eux, en revanche, s’en donnent à cœur joie dans le cabotinage. Ils restent dans des clous honorables cependant, et évitent le surjeu intempestif. Quelques seconds rôles amusants, mais le film repose largement sur son trio d’acteurs principal, donnant à voir quelques personnages truculents en s’appuyant sur ces interprètes de talent.
Scénaristiquement Mocky saisit l’air du temps, et en donne un film direct, qui ne fait pas dans la dentelle ! C’est du Mocky, évidemment, donc c’est brut de décoffrage, même si le réalisateur évite la grivoiserie facile, et tend plutôt vers le divertissement aimable et sympathiquement potache ! Cependant, point nettement plus dommageable que l’épaisseur de l’humour, c’est la redondance du film. Passé la première demi-heure le concept finit par tourner en rond, et comment en serait-il autrement car, soyons franc, l’idée de base est sympa mais on se demande comment ça peut faire un long métrage ! Le final est bien trouvé, mais il y a toute une partie centrale assez pataude, ou Mocky étend la sauce de trop, frôlant l’indigestion par moment !
Formellement Mocky n’offre pas une mise en scène démente, mais son film à des atouts. Une bonne figuration, quelques jolis décors, une bande son légère et sympathique pour baigner tout cela, L’Etalon ne dispose peut-être pas d’une réalisation très affutée, ni d’une image très travaillée, mais c’est un film propre et plutôt dans le haut du panier des films de Mocky, assez inégaux sur ce point, il faut l’avouer !
L’Etalon est une comédie gentiment paillarde qui à mon sens visé surtout, pour Mocky, à saisir l’air du temps et à s’amuser avec quelques comparses ! Tourné rapidement, cet Etalon n’est pas très abouti, et ne vole pas très haut, mais il reste un petit moment doucement culotté, au service de ses acteurs, et c’est déjà pas si mal ! 3