"Swagger" est une double réussite. D'abord car il témoigne d'une réalité sociale dont on n'a pas pleinement conscience. Ensuite car il renouvelle profondément le genre documentaire. Le film témoigne bien de l'énergie et de la volonté de réussir qu'il y a dans les quartiers périphériques des grandes villes. Et on ne peut que souhaiter que le racisme ambiant ne vienne pas barrer la route à ces jeunes gens. Mais il témoigne aussi d'une césure effrayante dans notre société où des ados vivant à deux pas de la Tour Eiffel ne croisent jamais un """Français de souche""" dans leur quotidien. Cette ségrégation sociale couplée aux représentations que se construit n'importe quel adolescent ne fait qu'accentuer la fracture. Sur le plan formel, le film est radicalement nouveau car il revendique une esthétisation digne d'une grande production hollywoodienne et s'amuse sans arrêt avec l'effet Koulechov en mettant bout à bout des fragments d'interviews qui semblent se répondre (alors qu'elles sont isolées les unes des autres). A voir ! Et messieurs du gouvernement, un nouveau plan Banlieue s'impose d'urgence !
Franchement, une séance de cinéma sans préjugé ne sachant pas ce que j'allais voir ... Une petite idée avec le résumé lu à la va-vite mais c'était tout et là, la claque !! Des portraits touchants, des jeunes qui respirent le bon sens et l'espoir mais aussi une façon si vraie de voir le monde, leur monde. Je conseille Swagger à tous, un film qui a beaucoup à nous apprendre tout en provoquant des sourires, des rires, des pincements au coeur et une bonne de prise de conscience.
Un film qui change l'image de la banlieue. Les gamins sont très touchants, très drôles, plein d’énergie. Et sur la forme le film est remarquablement bien réalisé, la lumière très belle, l'écriture originale, le montage très bien foutu... Bref, un film à voir absolument.
Drôle de film que ce Swagger, qui porte bien son nom : swag = qui a du style, qui est charismatique.
Olivier Babinet choisit de nous montrer frontalement le témoignage de plusieurs jeunes collégien(e)s du 93.
L'originalité du film est de les magnifier à travers des éclairages très expressifs, et même parfois par des mises en scène qui les placent dans des situations d'acteurs / stars. On est donc loin des habituels processus de stigmatisation de la banlieue : le film est plutôt dans le registre du "Regardez comment on rêve, matez comme on assure".
Swagger fonctionne assez bien sur ce registre casse-gueule, par la grâce de jeunes qui semblent tombés du ciel et composent une galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres : futur styliste assumant sa différence y compris par la bagarre, jeune fille toute menue et immensément raisonnable, jeune homme ombrageux au bandana rouge, jeune indien au costard impeccable qui se déchaîne sur une batterie.
Même si j'ai quelques réserves sur des parti-pris de mise en scène (les plans de coupe sur des jeunes quand d'autres s'expriment, comme s'ils étaient là, alors que ce n'est pas le cas), il faut dire que le film est diablement séduisant. C'est peu dire qu'il s'en dégage une incroyable énergie, pondérée par la crudité de certains constats : le racisme anti-roms que tout ce beau monde exprime par exemple. On est toujours le paria d'un autre.
Swagger est une production typique de la section ACID du Festival de Cannes : décalée et sympathique.
Du Depardon en Seine St Denis ! Un grand documentaire que nous donne à voir Babinet. L'intelligence de certains de ces gamin(e)s est trop souvent cachée. Une fessée à Mickey Mouse ici on est dans le vrai monde, exit les barbies !
Une très bonne intention, qui malheureusement, manque de rythme, de sélection et de rigueur sur l'axe choisi. Un montage confus, des effets et des illustrations anecdotiques détournent le spectateur de l'émotion de certains témoignages. Les musiques additionnelles sont réussies, le reste est signé Jean Benoît Dunkel.
c'est le dispositif de mise en scène qui fait la différence, le sel et l'originalité de ce documentaire à aller voir.J'ai été très touchée par la jeune fille qui n'arrive même pas à dire son nom alors uq'elle est au demeurant extrêmement vive : elle n'ose pas, elle est empêchée : on le voit à l'écran, c'est mystérieux te très beau ce mélange d'émotion trop forte, envahissante, mélangée à une mise à l'écart social qui évidemment la prive de parole. Un temps fort du film : d'autres aussi, nettement plus drôles mais aussi touchant : la palme au jeune garçon indien :-)
Extrêmement déçu par ce film. Ces gamins nous parles pendant 1h20 et c'est tout. Tout pour dire que la moitié n'auront pas d'avenir et que personne ne les aides, et qu'ils vont devoir se diriger vers un destin professionnel nul. Dommage.
Le "swagger", c'est le fanfaron et ce titre est un emprunt à Shakespeare, dans "Le songe d'une nuit d'été" : "Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons, si près du lit de la reine des fées ? " Et c'est vrai qu'ils ont une dimension shakespearienne ces jeunes d'Aulnay-sous-Bois. Quelle puissance ! Quelle fulgurance dans ces regards, dans ces discours. Le montage, qui alterne un discours face caméra avec des regards, qui n'appartiennent pas au locuteur amplifie la portée du discours. Qu'est-ce qu'un français d'origine ? Difficile à dire, puisqu'ici on n'en voit pas. Mais le désir de vivre, la volonté d'exister, l'ambition, les idées ne manquent pas et au-lieu de désigner les "pas comme nous" comme le font si volontiers nombre de politiques, cherchons ce qui nous rassemble au sein de l'humanité. Ce film est prometteur, il est grave, il est beau, il est inventif. On rit souvent, on est ému de ce qu'on entend et de ce que nous livrent ces jeunes. Ce film montre une banlieue, dont l'esthétique existe et dont les habitants sont dignes. Bravo Olivier Babinet, continuez de nous faire partager votre regard sur le monde !
Le réalisateur étant en résidence artistique à Aulnay-sous-Bois (93) au collège Claude Debussy, cela lui a permis de côtoyer les collégiens et de mieux se faire accepter. Il centre son documentaire sur 11 d’entre eux. La plupart sont français et ils ont tous une origine africaine (Sénégal, Bénin), arabe ou indienne. Certains, d’ailleurs, ne connaissent pas de français « de souche », les rares qui restaient étant partis et ils reconnaissent qu’il serait difficile de vivre avec eux, vu les différences culturelles. Chaque collégien s’exprime au cours du film sur son origine et sa famille, sa religion et Dieu, l’amour et son avenir. Ils sont tous attachants, notamment Régis, très lié à sa mère, aimant se vêtir avec beaucoup de soins et voulant être styliste, Paul, originaire de Pondichéry et dont le père est endetté et malade psychologiquement (ce qui lui vaut des moqueries de la part d’autres collégiens), batteur et qui assure les démarches administratives pour sa famille en raison de sa meilleure maitrise du français. Le film, à la fois documentaire mais aussi de fiction (certaines scènes sont recréées avec talent) sort ainsi des clichés sur la banlieue et bénéficie d’une très belle photographie. Seul bémol, c’est parfois un peu long (1h24) avec quelques scènes inutiles, faute de vrai fil conducteur. .
Coup de coeur pour SWAGGER ! Ni tout à fait un film, ni véritablement un documentaire formaté pour un nouveau numéro d'envoyé spécial, Swagger pourrait être rangé dans la catégorie cinéma social d'utilité publique.
Par la beauté des images, par une mise en scène savamment étudiée et une multitude d'entretiens hauts en couleur avec 11 adolescents du 9-3, le spectateur plonge dans l'univers de la banlieue sans filtre, sans trash, sans condescendance.
Mais commençons par le commencement :
- Kesako qu'être « un Swagger » ?... : c'est une façon de se comporter et d'apparaître au monde d’une manière qui génère du respect au sein de votre entourage.
- Y a t il dans le dico, une définition de la banlieue autre que la couronne qui entoure la ville ? Et bien oui, car ce mot même de banlieue est chargé d'ambiguïtés puisqu'il recouvre cinq notions : une notion juridique se rapportant au droit féodal, une notion géographique, celle de ceinture urbanisée dépendante du centre, une notion sociologique permettant de rendre compte de l'exclusion qui touchent les habitants des marges urbaines, une notion culturelle qui fait référence aux pratiques festives qui sont nées sur ce territoire (tags, rap…), une notion symbolique enfin pour exprimer le discrédit qui pèse sur une partie des populations périphériques.
Fort de ces éléments, je vous encourage vivement à accompagner -et soutenir- le cinéaste Olivier Babinet dans cette vibrante chronique sociale.
Swagger, tour à tour émouvant, interpellant, pertinent, drôle est une véritable leçon de vie, bien loin des clichés ordinaires véhiculés par les médias.
Alors, je ne sais pas si j'ai du Swagg mais le film lui, n'en manque Pas !
Film documentaire à voir absolument sur les territoires oubliés de la République. A travers le prisme de ces jeunes de banlieue, on observe l'échec de l'Etat dans les domaines de l'éducation,la sécurité...Une vrai poudrière qui est prête à tout moment à imploser. Les plans entre les interviews sont très soignés et montrent la division criante entre villes et banlieues. Malgré tout cela ces jeunes sont remplis d'espoir pour peu qu'on leur en donne les moyens ...
Emprunté à une citation de Shakespeare, "Swagger" entraîne le spectateur dans la tête de quelques gamins d'Aulnay sous Bois, qui témoignent à tout va de leur vie, de leurs origines, de leur vision du monde, de la politique, dans une sorte de cacophonie hybride de paroles et de rires. S'agit-il d'un reportage ou d'un récit porté par des apprentis acteurs ? A priori, on pencherait pour le premier genre. Toutefois, le film souffre d'un scénario trop faible. Même les reportages racontent une histoire. Ici, le réalisateur opte pour une suite de portraits et de dialogues, certes touchants, certes drôles souvent, certes émouvants aussi, mais qui produisent un résultat assez composite et manquant de cohérence, alternant avec des images très belles des immeubles de nuit ou de jour, filmées avec un drone. Il ne suffit hélas pas de donner la parole à des gamins de banlieue et de diffuser des photographies sensibles et poétiques de la cité pour faire cinéma. On soupçonne parfois un brin de démagogie quand les jeunes confient n'avoir jamais vu de blancs dans leur cité. Mais des questions sérieuses sont posées par eux comme le rapport à la différence, le racisme, la pauvreté, la démocratie etc. Il est indéniable de noter que le film fonctionne dans la salle, surtout auprès des plus jeunes, ce qui laisse supposer un effet de génération.