Présenté lors du « Festival du film culte » de Trouville, « Willy 1er » passe le pont des Belges et se retrouve projeté dans la plus grande salle de la ville de Deauville dans le cadre de son célèbre Festival du film américain. Avec son angle si particulier, son personnage singulier et sa réalisation marginale, le film marquera forcément les esprits.
A mi-chemin entre la biographie et la comédie- dramatique, « Willy 1er » est librement inspiré des histoires vécues par son interprète principal : Daniel Vannet. Le terreau de base n'est autre que les anecdotes de ce personnage atypique en quête de reconnaissance et de liberté. Bien sûr, les réalisateurs (et scénaristes) ont ajouté leur petite graine afin d'offrir une continuité à sa réalité. Daniel n'a jamais croisé la route de Willy (le deuxième, son collègue dans le film), il n'avait pas de frère jumeau mais il fallait une certaine cohérence et les auteurs en ont trouvé une. A tel point que le résultat est appréciable et hautement original !
Noémie Lvovsky (la réalisatrice/actrice entre autre de « Camille redouble ») est le seul visage connu du casting. Tous les autres comédiens sont issus du terroir prolifique de Normandie ! A commencer par Daniel Vannet, le héros du film, celui sur qui tout repose. Cet acteur amateur a déjà tout d'un grand : une attitude, une présence, une capacité d'interprétation que beaucoup peuvent lui envier. Et ce, de façon innée. Il en va de même pour Romain Léger (Willy II) qui offre un jeu tout aussi performant, n'hésitant pas à jouer les victimes ou les transformistes. Le duo est touchant, la rencontre délectable et les talents se conjuguent pour rendre ce tandem plus vrai que nature.
Derrière la caméra et au scénario, ils sont quatre : Ludovic Boukherma, Zoran Bouckherma, Marielle Gautier et Hugo Thomas (tous sortis en 2012 de l'Ecole de la Cité de Luc Besson). C'est en toute décontraction que notre quatuor vient présenter le film et chercher son prix. Prix qui permettra à « Willy 1er » de fouler le sol américain et d'être projeté à des milliers de kilomètres de là où tout a commencé. Tout cela semble surréaliste et est à l'image du film : cocasse !
L'humour côtoie de près la détresse. On rit de bon coeur de certaines situations
(celle du recrutement, de la tombe, du panorama de Cauderec)
, mais au fond, est-ce vraiment drôle ? On culpabilise parfois, on maudit les rencontres malveillantes et on évolue dans la vie de Willy comme si nous le connaissions véritablement. Parfois lent, le film se veut « hors norme » et çà marche ! Même la musique (composée par Hugo Thomas l'un des réalisateurs et Sofiane Kadi) vient appuyer l'originalité du propos et de la mise en scène
Touchant et authentique, « Willy 1er » est un OFNI (Objet filmique non identifié) dans le ciel cinématographique contemporain. Une bouchée d'oxygène qui montre une réalité, une volonté de s'affranchir, une ambition que beaucoup fuient. Pas Daniel, pas Willy. Comme le dit si bien le personnage « Pour beaucoup, le quotidien, çà les emmerde. Moi, j'aurais bien voulu qu'il continue un peu ». Heureusement pour nous, l'équipe du film nous a fait sortir du nôtre pour nous offrir un moment de ciné sans fioriture, sans artifice, juste avec une humilité et un regard décalé sur la vie d'un personnage qui ne pourra que vous toucher!