Très touchant ce petit film (1h22) réalisé par quatre étudiants de l’Ecole de la Cité, créée par Luc Besson…Lors d’un reportage d’un journal de France 2 consacré à l’illettrisme, on découvrait Daniel Vannet, qui a 47 ans avait poussé la porte de l’association Mots et Merveilles et avait repris l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, regagnant confiance en lui et autonomie. Daniel Vannet joue Willy premier, dans une fiction écrite par les quatre réalisateurs, habilement inspirée de son histoire. Si le film raconte la misère et la manipulation des gens fragiles, comme Willy, douze ans d’âge mental…ou son collègue magasinier, grand gay blond, en bute à l’homophobie des poivrots du café PMU, et qui ne pense qu’à quitter ce trou (Caudebec) pour une carrière dans un cabaret berlinois, il ne tombe jamais dans le pathos, grâce à la volonté et la conviction de Willy…son but est simple, avoir un appartement à Caudebec, un scooter et des copains, aidé en cela par Catherine (Noémie Lvovsky) sa curatrice, tout en écoute et bienveillance …Willy crève l’écran, véritable Pierrot lunaire, avec sa cinquantaine bedonnante , son accent à couper au couteau…on passe par des moments de franche hilarité, des moments plus noirs, et des moments oniriques où l’absent ( son frère jumeau qui s’est suicidé et dont il n’a pas fait le deuil) apparait flouté…Les réalisateurs voulaient raconter l’histoire d’un « homme en apparence anormal, qui accomplit des choses tout à fait normales, mais extraordinaires pour lui, dans le but de devenir un homme ordinaire » Tout est dit… c’est magnifique et touchant…