Déroutant, ce cher Hitchcock ! Le rythme du film, la tonalité obscure, sont donnés dès la première image.
On pressent quelque chose, (le titre est un peu trop évocateur) mais on est tout de même surpris d’une mise en scène aussi efficace, bien que sobre. Pensons notamment à la scène dans la prison…non pas magistrale parce que la caméra tourne, mais magistrale car une ombre se superpose sur la gorge d’Henry Fonda, ce qui en fait déjà un homme mort. D’ailleurs, parlons d’Henry Fonda. Certes, il a de beaux yeux bleus. Mais ça ne suffirait pas à faire de lui un être extraordinaire. Il a une présence incroyable, et son regard habite, hante toute l’intrigue, tout comme sa grave voix grave. Son visage de marbre permet de maintenir le doute jusqu’à un certain point ; et s’il était coupable, après tout ? La vague d’ellipses nous permet de ne jamais être sûr.
Humour anglais, humour cynique, Hitchock remet en cause tout un système qui, comme dans FURY deLang, n’hésite pas à condamner un innocent sur le base de témoignages pour le moins douteux (scène drôlissime vers la fin, lorsque les dames de la banque croisent le vrai coupable…).
La vraie force du film repose sur son personnage principal, qui porte le fardeau du travailleur, du père de famille, et du condamné…ce qui permet, sans ne jamais recourir à des sentiments mièvres, de faire adhérer le spectateur au personnage et à son innocence.
Et, une autre force du film, est de faire sentir au spectateur qu’il est quelque part coupable, puisqu’impuissant devant cette condamnation…mais cette culpabilité là se savoure sans modération devant l’écran !