Ayant réussi l'exploit de créer la polémique avant même le début du tournage, « À bras ouverts » n'est pas réellement la daube crainte (espérée?). Je dois même avouer ne pas avoir trouvé ça désagréable dans sa première moitié : certes, ce n'est pas très fin et encore moins subtil, mais je ne crois pas du tout aux accusations de racisme, les Roms apparaissant, à leur manière, comme des personnages (relativement) positifs, à quelques outrances près. Passons la réalisation passe-partout de Philippe de Chauveron, une constante depuis le début de sa carrière et montrant toutes ses limites, le coup du « Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu » ne pouvant fonctionner à chaque fois. La vulgarité est réelle à plusieurs reprises, le scénario, déjà mince et souffrant de sous-intrigues risibles, finissant par se complaire dans le grand n'importe quoi, notamment lors de la scène
où Daphné craque au point de vouloir s'envoyer en l'air avec un (faux) rom : la très grande classe.
Toutefois, comme souvent chez ce réalisateur, le naufrage total est évité par quelques inspirations bien senties, à défaut d'être suffisamment creusées : la « bonne conscience de gauche », autrement plus prompte à donner des leçons qu'à s'engager concrètement, ou encore cette intolérance parfois encore plus grande dans la communauté « opprimée » que dans la société française, l'occasion d'une scène assez drôle. Enfin, dans son registre habituel, Christian Clavier fait le job, épaulé par une Elsa Zylberstein radieuse et d'une beauté toujours insensée. Clairement insuffisant toutefois tant, l'ultime scène exceptée, la comédie et le trait restent épais, s'égarant après avoir laissé entrevoir de légers espoirs : les bonnes intentions, c'est bien, un bon film, c'est mieux.